A première vue, on se croirait devant un athlète du demi-fond venu d'un pays scandinave, mais en sympathisant avec lui, on trouve que c'est un Algérien de 36 ans, qu'il s'appelle Hakim Fedous et qu'il souffre depuis 16 ans. Et sa souffrance a encore des jours devant elle, sauf si… Flash-back. Le 7 février 1992, à 16 h, Hakim discute joyeusement avec un copain dans une rue jouxtant le CEM Dermouche Rabah à Lakhdaria, quand, soudain, il s'est retrouvé par terre. Il essaye de se relever, mais son membre inférieur gauche ne peut pas supporter le poids du corps. Hakim jette un coup d'œil vers sa cuisse devenue subitement douloureuse et constate avec effroi qu'il est gravement blessé. Il vient de recevoir plusieurs balles d'une arme automatique dans la cuisse. Le fémur est fragmenté. Alertés, les pompiers arrivent rapidement sur les lieux et évacuent le jeune blessé à l'hôpital de Lakhdaria. Pris convenablement en charge, Hakim subira plusieurs opérations chirurgicales avec succès. Après quoi, un chirurgien russe lui pose au niveau du fémur une plaque métallique qu'il fixe avec 14 vis. Quelques jours plus tard, soit deux mois d'hospitalisation en tout, le blessé rentre chez lui et entame une longue rééducation. Arrive alors le jour où Hakim doit retourner à l'hôpital de Lakhdaria pour enlever sa plaque. On est en 1994. En revenant au service traumatologie, Hakim ne croit pas ses oreilles. On lui dit que le bloc opératoire est fermé et que son médecin est retourné dans son lointain pays, la Russie. Faisant contre mauvaise fortune bon cœur, Hakim quitte les lieux avec l'espoir de trouver un autre chirurgien qui le débarrassera de son encombrante plaque. Mais, comble de malheur pour Hakim, à ce jour, aucun chirurgien des hôpitaux d'Alger et de Tizi Ouzou n'a voulu, ou pu, le soulager. Il y a quelques jours, Hakim a sympathisé avec un professeur du CHU de Tizi Ouzou, et de fil en aiguille, l'éminent spécialiste s'est laissé aller à une confidence. « Les Russes travaillaient avec leur propre matériel, et quand ils sont repartis, ils ont pris ce matériel avec eux ». Aujourd'hui, Hakim est marié et père d'un enfant, mais la question qui taraude son esprit et celui de sa famille depuis 16 ans demeure toujours posée : « Qui débarrassera Hakim de sa plaque ? »