Cette comédie hilarante est un clin d'oeil à ces Algériens vivant ailleurs et qui tentent perpétuer les traditions. Et si les «résidants» du petit paradis auront un jour la «fofolle» idée de faire un tour au dernier cercle de l'enfer, que se passera-t-il alors? Pour les esprits poétiques, fervents des aventures rimbaldiennes, l'idée n'est pas mal, voire géniale. Soyons plus réalistes maintenant et imaginez, vous lecteurs, que vous viviez dans un pays plus ou moins riche. Très bien. Imaginez aussi qu'une envie de vous stabiliser dans un pays étranger, plus ou moins pauvre, vous taraude comme une obsession. C'est de la folie, diront les uns. Peut-être que oui, de toutes les manières c'est pas l'avis de Johnny Leclerc. Attendez. Encore une fois, vous lecteurs, ne vous précipitez pas. Effacez de vos têtes tous les points d'interrogation à propos de l'identité de Johnny. Lui, c'est l'un des personnages «clé» du film Il était une fois dans l'oued du réalisateur algérien Djamel Bensalah. Ce film, une comédie d'une durée de 1h 33 mn, produit en 2004, a été projeté en avant-première nationale avant-hier à la salle Algéria, sise à la rue Didouche-Mourad, Alger. L'histoire se passe en juin 1988. Peu avant les événements du 5 Octobre. C'est la fête de la musique, à la cité Paul Eluard, en banlieue parisienne. Quelques jeunes gens, des copains, discutent. Ils sont maghrébins bien sûr. Des beurs. Assis en bas de l'immeuble, ils parlent de tout et de rien. Ils blaguent. Ils rient. Ils se moquent les uns des autres, bref, ils s'amusent. Parmi cette bande de jeunes, se trouve Yacine (David Saracino), un maghrébin de 19 ans et son Johnny (Julien Courbey), un garçon blond à la peau très blanche et au physique filiforme, cheveux souvent hirsutes. Maigre comme un clou. Mine de «rien». Un nez kabyle. Et, comble de la nature, on sourit à le voir. Son copain Yacine ne supporte plus les vacances au bled. Il a juré de ne plus y mettre les pieds en dépit des insistances de ses parents. Mais ne voilà-t-il pas qu'il change d'avis. A la dernière minute, Yacine part au bled. Son père (Sid Ahmed Agoumi), fait mine ce ne pas accepter. Enfin juste pour la forme, car au fond, la décision de son fils lui facilitera pour mener ses desseins à terme. On débarque tous du bateau. Les nerfs à fleur de peau. C'est évident, puisqu'on est au mois de carême ( Ramdan). Cependant, au milieu du chemin, Johnny sort on ne sait d'où. Il a toujours adoré venir en Algérie. Et voilà que, enfin, son rêve se réalise. Entre-temps, Yacine et son copain font la connaissance de deux charmantes filles. Une fois au bled, c'est toute la smala qui vient à la rencontre de la famille venue d'outre mer. Les immigrés arrivent, les bagages pleins de petits cadeaux. Des tissus, des bonbons et... des bananes. Johnny «perd» son prénom. Il s'appelle désormais Abdel Bachir. Les vacances au bled commencent. Abdel Bachir a fini par gagner la sympathie de tous. Il est Algérien dans sa tête et Français dans ses papiers. Il aime la «chorba» et fait la prière. Quoi de plus simple que ça. Yacine, de son côté, endure la calvaire. Son père veut à tout prix le marier. Et encore, avec sa cousine! Ses parents ont tout préparé, y compris la fille! Difficile à admettre une idée pareille, surtout pour un jeune beur. Se marier avec une fille du bled! Le film se veut un clin d'oeil à tous ces Algériens vivant ailleurs et qui tentent, tant bien que mal de préserver les traditions séculaires et de les inculquer à leurs enfants. Les acteurs poussent souvent le bouchon jusqu'au fond. Julien Courbey est hilarant. Ses manières, typiquement algériennes, attestent de son talent. Il surprend à chaque détour, soit par une phrase, soit par une mimique ou par un simple geste qui vous laissent vous tordre de rire. Impossible de résister. Il y a aussi Sid Ahmed Agoumi. Cet acteur, doué d'un talent exceptionnel, donne de la crédibilité au film. Le rôle qu'il a interprété, à savoir celui du père, lui va à merveille. En somme, les acteurs, ont maîtrisé parfaitement leurs rôles. En dépit de cela, on relève quelques carences, notamment au niveau de l'accompagnement musical. En effet, les musiques de Gnawa diffusion ou celles de Amrou Diab (insérées dans ce long métrage), ne vont pas avec le contexte historique du film. Ce dernier se passe en 1988, alors que les musiques citées ont été jouées au début de l'an 2000. «A travers Il était une fois dans l'oued, j'ai essayé de vous regarder à travers un oeil photographique. Ce film raconte notre pays», a indiqué le réalisateur Djamel Bensalah, quelques minutes avant le début du film. «Il dit: soyez heureux!». En fait c'est le message de ce film qu'il faut vraiment voir. Allez-y, ça se passe à la salle Algéria.