La marche vers un semi week-end universel continue. Après Arcelor Mittal Annaba, c'est la Nouvelle conserverie algérienne (NCA) qui réaménage son week-end, passant ainsi de jeudi-vendredi à vendredi-samedi. La décision prise par la direction de cette entreprise privée est entrée en vigueur le 6 septembre dernier. Contacté hier par téléphone, Slim Othmani, directeur général de la NCA, motive ce passage à un semi week-end universel par le fait que leurs principaux fournisseurs de matières premières et d'emballages sont des étrangers. « Souvent, les employés sont contraints de travailler tout le jeudi, leur premier jour de repos, pour pouvoir expédier la marchandise. Au lieu de recourir à des heures supplémentaires et afin que les employés trouvent du plaisir à travailler durant cette journée, nous avons adopté vendredi et samedi comme journées de repos hebdomadaire », explique-t-il, affirmant que cela arrange mieux les affaires de l'entreprise, mais aussi les employés qui auront à jouir de leur week-end complet. Pour lui, travailler jeudi est toujours mieux que de travailler samedi. Cela, parce que les banques ainsi que les principaux partenaires de l'Algérie travaillent le jeudis. L'impact financier de cette décision ne se fera pas sentir dès maintenant, précise M. Othmani. Mais le grand avantage est, à ses yeux, beaucoup plus d'ordre psychologique. Les travailleurs se sentiront plus à l'aise avec un week-end complet, sans perturbation ni heures supplémentaires, relève-t-il. Si la NCA n'a pas adopté carrément le week-end universel, c'est parce que la direction de l'entreprise ne veut pas jeter son personnel « à la vindicte populaire ». « Nous ne voulons pas aller en confrontation avec la société. Il faut d'abord qu'il y ait un consensus national. Une entreprise, à elle seule, ne pourrait pas changer le cours des choses », souligne-t-il, affirmant sa conviction que le retour au week-end universel ne sera que bénéfique pour l'économie nationale. Si officiellement, le week-end algérien est jeudi-vendredi, le gouvernement ne s'oppose pas au choix des entreprises de changer leur week-end pour assurer la bonne marche de leurs affaires. Ainsi par exemple, les banques et certaines administrations adoptent depuis des années le vendredi et samedi comme week-end. Le débat sur le retour au week-end universel date de plusieurs années. Plusieurs experts nationaux et étrangers ont appelé les autorités du pays à revenir au week-end universel. Ce décalage, estiment certains experts, engendre des pertes de l'ordre de 1 à 5 millions de dollars par jour, ce qui représente environ 500 à 700 millions de dollars de pertes par an. Une semaine de trois jours D'autres estimations de la Société financière internationale (SFI, filiale de la Banque mondiale) indiquent que l'Algérie perd chaque année près d'un milliard de dollars, pour cause de décalage entre le congé hebdomadaire local et le week-end universel. Tenant compte de l'avis des experts, le Forum des chefs d'entreprises (FCE) a fait du retour au week-end universel l'une de ses principales revendications. La Banque mondiale a, de son côté, exhorté à maintes reprises le gouvernement algérien à observer le repos hebdomadaire durant les journées de samedi et dimanche. D'après ces experts, le passage au week-end universel va générer à l'Algérie une croissance de 3% du produit intérieur brut (PIB). Mais le gouvernement n'arrive toujours pas à dépasser le mur de la peur et prendre une décision politique qui consacrera officiellement le retour de l'Algérie au week-end universel. Ainsi, l'Algérie reste l'un des rares pays à avoir une semaine de trois jours, soit quatre jours de suspension d'activités économiques. Elle est parmi les rares pays arabes à avoir un week-end jeudi-vendredi. Les autres pays du Maghreb (Tunisie, Maroc, Mauritanie et même la Libye) sont tous passés à un week-end samedi-dimanche. Les autres pays arabes comme le Koweït, les Emirats arabes unis, Bahreïn, la Syrie et le Qatar ont adopté vendredi et samedi comme journées de repos hebdomadaire. Ainsi, l'argument religieux qu'on a toujours brandi et qui sert d'alibi – alors que la prière et les prêches du vendredi ne nécessitent qu'une portion infime de temps – ne s'est pas posé pour nos voisins marocains ou tunisiens qui sont eux aussi des pays musulmans. N'est-il donc pas temps de mettre un terme à l'idéologie et au conservatisme frileux et céder la place au pragmatisme ?