Siemens Algérie vient de basculer vers le semi-week-end universel. La filiale algérienne du géant allemand de l'ingénierie en a fait l'annonce à travers un encart publicitaire paru dans la presse nationale, informant ses partenaires, mais aussi l'opinion publique nationale, de son passage à un repos hebdomadaire le vendredi et le samedi. Siemens Algérie abandonne ainsi le week-end algérien (jeudi et vendredi) instauré en 1976 par le défunt président Houari Boumediene et calqué sur celui pratiqué par certains pays musulmans, comme l'Arabie Saoudite. Cette entité économique n'est, cependant, pas la première à avoir réaménagé son week-end. D'autres sociétés algériennes privées et étrangères l'ont déjà fait. On peut citer Arcelor Mittal Annaba (filiale du géant mondial de l'acier), la Nouvelle conserverie algérienne (NCA), le Laboratoire pharmaceutique algérien (LPA), Schneider Electric, Air Liquide, Djezzy, Blanky et Nedjma. Ces changements s'expliquent, selon toute vraisemblance, par des impératifs économiques. Les filiales algériennes des sociétés étrangères installées en Algérie sont contraintes de se rapprocher un tant soi peu du week-end universel pour mieux travailler avec leurs entreprises mères. Les entités économiques algériennes, quant à elles, veulent réduire le décalage existant avec leurs fournisseurs étrangers. Il s'agit ainsi de décisions qui visent à défendre l'intérêt de ces entreprises dans une économie de marché à forte concurrence. Ce que dit la loi Elles sont aussi et surtout conformes à la législation algérienne qui fixe le samedi comme deuxième jour de repos hebdomadaire des unités économiques de production. Le décret exécutif n°82-184 du 15 mai 1982 relatif aux repos légaux stipule, en effet, que « (…) le deuxième jour de repos hebdomadaire des unités économiques de production est le samedi ». Depuis Boumediene, les banques et le secteur des assurances ont toujours eu le vendredi et le samedi comme jours repos hebdomadaire. Les représentations diplomatiques de pays occidentaux ont également, dans leur grande majorité, opté pour un week-end vendredi-samedi. Cette marche vers un semi-week-end universel vient comme une réponse à la sourde oreille du gouvernement quant à la demande du retour au week-end universel formulée par de nombreux acteurs du secteur économique, organisations syndicales et partis politiques. Ces changements obéissent, sans aucun doute, à des impératifs économiques. L'impact économique de l'abandon du week-end universel depuis maintenant 32 ans par notre pays semble n'avoir jamais fait l'objet d'une évaluation susceptible de révéler ses conséquences précises sur notre économie. Un manque à gagner Des chiffres ont été, cependant, avancés quant à son coût financier : entre 500 et 750 millions de dollars par an ! Selon les estimations de la Société financière internationale (SFI, filiale de la Banque mondiale), l'Algérie perd chaque année près d'un milliard de dollars pour cause de décalage entre le congé hebdomadaire local et le week-end universel en vigueur dans les pays occidentaux avec lesquels elle réalise l'essentiel de ses échanges commerciaux. D'autres experts parlent d'une perte quotidienne de 1 à 5 millions de dollars. Les experts de la Banque mondiale soutiennent que le passage au week-end universel devrait générer une croissance de 1 à 2% du PIB. Une chose est sûre : le week-end algérien pénalise fortement l'économie nationale. Les opérateurs locaux ne travaillent que trois jours effectifs par semaine avec l'étranger (lundi, mardi et mercredi). Tenant compte de l'avis des experts, le Forum des chefs d'entreprises (FCE) a fait du retour au week-end universel l'une de ses principales revendications. « Si le système d'économie administrée et fermée pouvait s'accommoder d'une semaine de trois jours dans ses relations avec l'extérieur, il en est autrement aujourd'hui que notre pays est engagé dans la construction d'une économie fondée sur la liberté d'entreprendre dans un contexte de mondialisation accélérée des échanges qui s'impose à l'Algérie comme à tous les pays du monde », écrivait le FCE dans sa note sur le week-end universel, en 2006. La Banque mondiale a, de son côté, exhorté à maintes reprises le gouvernement algérien à observer le repos hebdomadaire durant les journées de samedi et de dimanche. Mais le gouvernement n'arrive toujours pas à dépasser le mur de la peur et à prendre une décision politique qui consacrera officiellement le retour de l'Algérie au week-end universel. De ce fait, l'Algérie reste l'un des rares pays à avoir une semaine de trois jours, soit quatre jours de suspension d'activités économiques. Elle est parmi les rares pays arabes à avoir conservé aussi longtemps un week-end jeudi-vendredi. Les autres pays du Maghreb (Tunisie, Maroc et la Mauritanie) se sont mis au week-end universel. Même la Libye est passée, en janvier 2006, à un week-end vendredi-samedi. Les autres pays arabes comme le Koweït, les Emirats arabes unis, Bahreïn, l'Irak, la Jordanie et le Qatar ont adopté vendredi et samedi comme journées de repos hebdomadaire. Le Soudan les a rejoints en 2008. Seuls l'Arabie Saoudite, Djibouti, Oman, la Somalie et le Yémen ont maintenu leur week-end le jeudi et le vendredi. La Syrie et la Palestine ont adopté un repos hebdomadaire d'un jour : le vendredi.