Durant le mois de Ramadhan, la ville de Boufarik se métamorphose avec l'afflux des visiteurs en provenance des différents coins du pays en quête de… zlabia « boufarikoise ». Cette dernière a la particularité d'être plus volumineuse et sous forme de longs bâtonnets. Les services de l'ordre sont soumis à une rude épreuve pour réglementer une circulation inextricable. Pour ne pas rater l'unique occasion de se remplir les poches, certains habitants ont transformé leur maison en échoppe pour vendre cette friandise très convoitée durant ce mois. Les familles qui s'illustrent comme pionnières dans cette spécialité sont celles des Aksil, des Chenoun et des Khemiès qui perpétuent cette vieille tradition culinaire depuis bien longtemps dans le plus ancien quartier de Boufarik, appelé El Ksari. Boufarik, qui comme son nom l'indique, était une ville de blé « Bou-Frik », où les pâtes occupaient une place de choix. Aussi, lorsque la zlabia fut découverte, c'était d'abord les femmes qui la préparaient. Elle est devenue célèbre tout d'abord au niveau des prisons, grâce aux prisonniers boufarikois. C'est à ce moment-là que les autres personnes incarcérées et habitant loin de la Mitidja avaient pu goûter et apprécier la zlabia de Boufarik en la rendant célèbre un peu partout. Actuellement, des « intrus », autrement dit des hommes dont le seul souci est lucratif, s'y sont immiscés, ternissant quelque peu sa notoriété. Quant à son origine, certains disent qu'elle a vu le jour en Irak, d'autres avancent l'Iran, d'autres encore la Tunisie… Toutefois, la version la plus plausible est celle qui affirme que le mot zlabia vient de l'expression arabe « zella – bia » qui signifie « j'ai fait un faux pas, une bêtise ». On raconte à ce sujet qu'une maîtresse de maison prise à l'improviste par des invités, leur confectionna un gâteau traditionnel qu'elle rata. A son mari qui l'a surprise à bout de nerfs, elle avait dit : « Zella bia ». Il lui était alors venu l'idée d'improviser une nouvelle confiserie. Elle prit un entonnoir et fit couler la pâte dans une poêle à frire en faisant des figures géométriques. La zlabia venait de naître ainsi à partir d'un petit problème, d'où son nom.