Le marais côtier de Réghaïa est considéré comme un site d'importance internationale, car il constitue le dernier vestige de l'ancienne Mitidja. Il reste, actuellement, la seule zone humide de la région biogéographique de l'Algérois qui donne face directement à la mer Méditerranée, permettant ainsi de jouer un rôle d'étape pour les oiseaux migrateurs après leur traversée de la Méditerranée », peut-on lire dans les annales de la Direction générale des forêts (DGF). Pourtant, le lac subit des dégradations sans cesse croissantes et qui portent atteinte à la faune et à la flore. « Ce n'est pas nouveau », pourrait-on dire puisque le lac est connu pour être le dépotoir d'environ 80 000 m3 d'eau polluée par jour. Cependant, en plus d'être le réceptacle des eaux urbaines, industrielles et agricoles, c'est à son paysage que l'on s'est attaqué. Les berges en pente pouvant servir à l'agriculture sont exploitées aujourd'hui pour la construction de logements. Sur son versant sud, des immeubles de plus de 6 étages se dressent, bloquant l'horizon. Les montagnes bleues de la Mitidja, enveloppées dans un coton d'humidité, sont cachées en partie par les nouvelles bâtisses. L'homme est venu investir les lieux et avec lui quantité de gravats, de sachets en plastique et d'ordures en tous genres. Ce site, qui recueille des oiseaux migratoires puisqu'il est à mi-chemin entre les voies migratoires classiques de Gibraltar et du détroit sicilo-tunisien, est exploité à des fins urbaines où le béton s'impose en maître des lieux. La nouvelle cité qui vient de pousser sur les berges n'a même pas le luxe d'être orientée sur le lac afin d'offrir à ses résidants une vue sur le lac et conférer ainsi au lotissement un cachet de standing. Les immeubles semblent avoir été déposés là, sans aménagement ayant pu trouver consensus entre protection de l'environnement et habitat. Une faune et une flore remarquable Son eau est plate et fait miroir avec un ciel automnal qui annonce quelques gouttes de pluie. Les foulques traversent en bande la partie centrale du marais et produisent un gloussement caractéristique. Les roseaux sont l'abri des libellules bleues et un héron prend son envol majestueux, apeuré par des bruits étrangers. Bordé de part et d'autre par des berges en pente, le lac est séparé de la mer par un pré dans lequel les moutons broutent tout ce qui ne ressemble pas à une poubelle. Quelques palmiersont occupé les lieux lorsque des bosquets touffus n'ont pas pris le relais. La jacinthe de mer, qui marque la transition entre l'été et l'automne, se dresse de tout son long pour offrir son élancement à la brise marine. Le lac de Réghaïa est alimenté par trois cours d'eau, selon les recueils de la DGF. Il s'agit de l'oued Réghaïa, l'oued El Biar qui prend naissance aux environs de la zone industrielle Réghaïa-Rouiba, et l'oued Boureah qui est un affluent de l'oued El Hamiz. Tous trois alimentent le marais qui, lui-même, alimente le réseau d'irrigation d'un périmètre agricole de plus de 1200 ha. L'eau du lac est douce, mais très polluée. « Les concentrations de certains polluants ont dépassé les normes internationales requises », soutient la DGF. Des polluants qui mettent en péril des écosystèmes spécifiques et complémentaires, trouvant la passerelle menant du lac au pré et du pré à la mer. Son rôle, qui consiste à contenir les crues des oueds et préserver certaines espèces comme le héron qui ne peuvent nidifier ailleurs, risque d'être bouleversé par l'invasion bétonnière. Il faut savoir que 233 espèces végétales ont été recensées, soit l'équivalent de 13% de la flore du Nord de l'Algérie. De même, la zone humide héberge plus de 203 espèces d'oiseaux, dont 82 d'eau, parmi lesquelles, 4 espèces sont rares et protégées par la législation internationale : Aythya nyroca, Marmaronetta angustirostris, Pophrio orphyrio, Oxyura leucocephala et 55 espèces sont protégées par la réglementation algérienne.