La pollution met en péril tout l'écosystème de la réserve naturelle vouée à la disparition. Le lac de Réghaïa est considéré comme un site d'une très grande importance, car il constitue le dernier vestige de l'ancienne Mitidja. Sa particularité est d'être la seule zone humide de l'Algérois qui ait échappé à la dépravation. Au cours des dernières années, le lac a subi, toutefois, un énorme préjudice, car il est devenu un réceptacle direct pour les eaux urbaines et industrielles. En fait, le lac est alimenté principalement par trois cours d'eau très pollués : oued Réghaïa, oued El Biar et oued Boureah. Ces trois cours d'eau charrient toutes sortes de pollutions, particulièrement oued El Biar qui prend naissance à partir de la zone industrielle de Rouiba et traverse toute la ville de Réghaïa, pour aboutir jusqu'au lac et y déposer ses impuretés qui mettent en péril tout l'écosystème de la réserve naturelle. En dépit de l'existence d'une station d'épuration (Step) qui traite les eaux usées acheminées de toutes les communes de l'est algérois, ces trois sources de pollution ne sont pas contrôlées. Les responsables de l'entreprise Vatech Wabag, en charge de l'exploitation de la station, assurent que « l'eau qui sort de la station après traitement est purifiée à 100% ». Nos interlocuteurs assurent également que les eaux qui transitent par la station participent à l'augmentation du niveau des eaux du lac, notamment durant les saisons des grandes chaleurs, et contribuent aussi à la diminution de la concentration de la pollution. Selon les mêmes responsables, celle-ci provient des oueds qui « échappent au contrôle » ; le lac de Réghaïa reçoit, selon des experts, 80 000 m3 d'eau polluée par jour. Notons que le lac de Réghaïa correspond à l'estuaire de l'oued Réghaïa dont l'embouchure est barrée par un cordon dunaire et une digue artificielle. Le cordon dunaire a été longtemps livré au pillage des voleurs de sable. Quant à la digue artificielle, elle tend à céder à la moindre averse, aussi fugace soit-elle, ce qui n'est pas sans conséquence directe sur la plage d'El Qadous où le cheminement naturel du lac aboutit. Cette situation, longtemps appréhendée, s'est effectivement produite par le passé lorsque la digue a cédé suite à des pluies diluviennes : la plage toute proche a été contaminée par les impuretés du lac et a dû être interdite à la baignade plusieurs saisons durant. La pollution du lac porte ainsi préjudice aux cultures qui fleurissent aux abords de ce dernier. L'irrigation intensive, grâce à une eau hautement polluée contenant des métaux lourds charriés principalement par oued El Biar, n'est pas sans conséquences sur la santé des consommateurs. Cette situation s'avère dommageable aussi pour le tourisme : en empruntant l'un des principaux accès au lac, en l'occurrence celui qui fait jonction entre la ville de Heuraoua et celle de Réghaïa, on est saisi par les odeurs nauséabondes. « Cette partie du lac est alimentée par oued Boureah qui est très pollué. Il se trouve que c'est une zone morte où l'eau polluée qui provient de oued Boureah stagne », relève un technicien de Vatech. La prise en charge par les services de l'hydraulique de ces oueds qui polluent l'une des dernières réserves naturelles d'Alger s'impose, étant donné que ce genre de travaux ne relève pas des collectivités locales.