Le projet initié par l'association « Tajmaât n'Djebla » de la commune de Beni Ksila, qui consiste en l'aménagement et la restauration d'un ancien village kabyle pour promouvoir le tourisme écologique, a reçu finalement l'approbation de l'union européenne (UE) dans le cadre du projet d'appui aux associations algériennes de développement (ONGII). Ainsi, 80 % du total de ce projet, unique en son genre dans la wilaya de Béjaïa, seront subventionnés par l'UE. Affichant leur satisfaction, les responsables de l'association s'empressent déjà à créer les conditions favorables pour la mise en œuvre, dans les plus brefs délais, de ce projet qui a reçu le soutien de plusieurs partenaires comme l'APW de Béjaïa, les associations Cap Vert d'Aokas et Amazer n'Kefrida, des opérateurs économiques à l'exemple de Cevital, Ifri, Groupe ECI, etc. S'étant rendu sur le site, nous avons ressenti comme une indéfinissable impression d'avoir entrepris un voyage dans le temps. Le village qui compte quelque 104 maisons, a gardé intact son architecture traditionnelle. Déserté par ses habitants dans le milieu des années quatre-vingt, le village a échappé à l'urbanisation chaotique qui a défiguré tous les villages kabyles. Si quelques habitations n'ont pas résisté à l'usure du temps et sont partiellement effondrées, la majorité des maisons, par contre, ont gardé jalousement leur air campagnard et bucolique. Vu l'importance et l'étendue du village, les travaux de restauration ne toucheront dans un premier temps qu'une vingtaine de maisons. Elles seront réparées entièrement à l'ancienne. Avec une main-d'œuvre typiquement traditionnelle et des matériaux de construction locaux (pierres, pierrailles, terre glaise, argile, kaolin, bouse de vache, poutres, tuiles rondes…). Djebla retrouvera petit à petit son aspect vivant d'antan. Le recrutement des artisans (hommes pour les travaux de maçonnerie et femmes pour les travaux de finition), qui auront l'honorable tâche de redonner naissance à ce village, a déjà commencé. « C'est difficile de nos jours de trouver une main-d'œuvre qualifiée de ce genre, mais on ne désespère pas, on a déjà déniché des artisans maîtrisant les techniques de construction traditionnelle. On a besoin en tout d'une vingtaine d'employés permanents pour notre projet, c'est possible après tout » nous confie Ahmed Farid, le président de l'association. Concernant l'aménagement des voies et accès du village, il sera à la charge de la municipalité et réalisé dans le cadre des PCD, selon le vœu des responsables du projet, en pavage de pierres. Seul écart permis à commettre contre la tradition architecturale kabyle, les sanitaires (toilettes et douches), ces installations seront totalement modernes. « Les travaux démarreront incessamment et nous avons grand espoir de les terminer avant l'été prochain » nous annonce le président de l'association. Une fois entièrement restaurées, ces maisons seront exploitées dans le cadre de l'écotourisme et les revenus générés par cette exploitation seront réinvestis dans la restauration du reste du village. Applaudi par beaucoup de spécialistes du tourisme, ce projet ne tardera certainement pas à faire des émules.