Restaurer leur village abandonné par la majorité de ses habitants et le transformer en pôle touristique attractif voilà, à grands traits, en quoi consiste l'ambitieux projet des membres de la jeune association « Tajmaât n'Djebla » de Beni K'sila. Djebla, le village qui va faire l'objet de cette restauration est quasiment déserté par ses habitants, seules cinq à six familles, selon Ahmed Farid, le président de l'association, continuent à y vivre et à braver toutes les rigueurs du temps, en dépit de l'absence des plus élémentaires des commodités. La majorité de ses habitants qui ont commencé à le quitter, à partir de la moitié des années quatre-vingt, se sont installés au chef-lieu de commune à la recherche d'une « vie meilleure ». C'est cet « exode interne » qui a contribué à préserver le village de l'assaut du béton et des modifications architecturales « sauvages » qui ont, du reste, complètement défiguré tous les villages kabyles. Mis à part quelques dégradations et la présence du parpaing dans certaines façades d'un petit nombre de bâtisses, le site, dans son ensemble, a gardé le charme et la sérénité des villages kabyles. Ce vaste projet de restauration sera lancé en partenariat avec l'Union européenne. Toutes les démarches administratives pour concrétiser l'aide de celle-ci, qui s'élèvera, selon le président de l'association, à 80 % du coût total du projet, ont été finalisées. Les membres de l'association ont déjà entamé leur travail de sensibilisation pour ramasser les 20 % restant du coût du projet. « Nous sommes en train de sensibiliser surtout les opérateurs économiques de notre wilaya pour qu'ils nous apportent leur aide. Car, ce projet nécessite la mobilisation d'énormes ressources humaines et financières, j'estime que tout le monde doit se sentir concerné », nous déclare Ahmed Farid. Pour ce qui est des travaux de restauration et de réaménagement à entreprendre, tout se fera avec des matériaux et une main-d'œuvre traditionnelle. Tous les travaux seront réalisés avec les techniques traditionnelles. Quelque 20 à 30 artisans (entre hommes et femmes) seront mobilisés pour redonner à ce village son visage d'autrefois. « Le seul écart qu'on fera à la tradition, c'est l'installation des sanitaires (douches, toilettes, lavabos…) sinon, aucun matériel moderne ne sera accepté dans ce village qui pourra servir non seulement pour le tourisme mais aussi de décor pour des films », tient à préciser le président de l'association. Maçonnerie, crépissage, ameublement, ornements, dallage des ruelles … tout se fera à l'ancienne. Les préparatifs vont bon train et les membres de l'association attendent que les autorités locales se manifestent en leur prêtant main forte.