Ath Bouali, un village situé à environ 50 km à l'est du chef-lieu de la wilaya de Bouira, est l'une des localités les plus connues dans la région pour avoir fait face avec courage et détermination au terrorisme intégriste, des années durant. En effet, le courage de ces villageois ne s'est pas arrêté à la seule défense de leur village, mais des dizaines d'entre ces jeunes sont enrôlés dans les différentes parties de la commune à savoir les localités de Roudha et Taourirt, pour protéger les populations. Mais hélas, à se fier aux dires des concernés, cette bravoure, courage et sacrifice de la garde communale de ce village ne les ont pas servis, pour autant que pas moins de 18 gardes communaux qui avaient épousé la lutte antiterroriste durant la sinistre période allant de 1994 à 2000, se retrouvent aujourd'hui chômeurs et sans ressources. Cela est intervenu suite à leur décision de déposer les armes. Une décision qui ne saurait s'apparenter à une lâcheté devant l'hydre intégriste, mais elle fut motivée par un malentendu qui opposait ces gardes communaux à leur chef de détachement d'alors, jugé autoritaire à souhait. Ils avaient, à l'époque, réclamé le départ ce responsable. Toutefois, au lieu de répondre à leur doléance, somme toute facile et faisable, par la mutation dudit responsable, l'épée de Damoclès est tombée sur leurs têtes. Résultat : 18 pères de famille furent ainsi réduits au chômage sans que cela n'émeuve outre mesure les autorités concernées. « Rien n'a été fait depuis juin 1999, date de notre arrêt de travail, pour notre intégration. Pourtant, notre affaire est entre les mains de la justice depuis plus de six ans », soutient, dépité, Madjid M., cinquantenaire, ex-garde communal, avant de conclure qu'aujourd'hui, il ne peut pas faire de grands efforts pour gagner son pain, vu son état de santé. « A mon âge avancé, poursuit-il, il est dur de dénicher un travail digne de ce nom ». Même cas pour les autres éléments limogés de la garde communale qui aspirent à une réintégration où du moins à un travail en qualité d'agents de sécurité ou de veilleurs de nuit. Est-il enfin juste que ces hommes ayant sacrifié une partie importante de leur vie à veiller à la quiétude et à la sécurité de leurs concitoyens, soient aujourd'hui laissés-pour-compte pendant que de notoires terroristes repentis, à la faveur de la réconciliation nationale, jouissent des avantages et de la mansuétude de l'Etat ? C'est, au demeurant, l'interrogation qui taraude l'esprit de tout un chacun parmi ces gardes communaux qui ne désespèrent pas de voir les pouvoirs publics daigner leur faire un geste salvateur.