Il est aujourd'hui établi que le changement climatique favorise la propagation des maladies infectieuses qui pourraient faire des ravages parmi les animaux et les hommes. Les spécialistes sont unanimes à dire que « la plus grande menace du changement climatique est peut-être la propagation de maladies émergentes ». D'ailleurs, une liste de 12 agents pathogènes comme le virus Ebola ou le H5N1 de la grippe aviaire a ainsi été établie dans un rapport de société pour la conservation de la faune sauvage, présenté lors du congrès de l'UICN (Union internationale pour la conservation de la nature) sur la biodiversité à Barcelone. Intitulé « La douzaine mortelle : les maladies de la faune sauvage à l'heure du changement climatique », ce rapport donne des exemples de maladies infectieuses qui pourraient exploser à la suite d'un changement de température ou d'une augmentation du niveau des précipitations. Parmi les cas évoqués, figurent la peste et le choléra, les parasites externes et intestinaux, la tuberculose et la fièvre jaune, la maladie du sommeil et la maladie de Lyme, transmise par une tique parasite qui suce le sang des mammifères ou encore les « marées rouges » dues à la prolifération d'une microalgue (Karenia brevis) produisant une neurotoxine. Devant cet état de fait, l'Organisation mondiale de la santé vient d'approuver un programme de recherche visant à mettre au point un cadre fondé sur les bases scientifiques concernant les conséquences du changement climatique pour la santé. Un groupe d'experts a été convoqué par l'OMS, à Madrid, jeudi, pour examiner ce programme. Dans un communiqué rendu public par l'Organisation, il est souligné que le plan s'inspire d'un examen complet de ce que l'on sait déjà sur les risques sanitaires liés au changement climatique. Il a été élaboré par l'OMS avec plus de 80 chercheurs chevronnés, spécialisés dans le changement climatique et la santé, ainsi qu'avec des représentants de donateurs et d'autres organismes du système des Nations unies. La réunion s'est déroulée du 6 au 8 octobre au ministère espagnol de la Santé. « De nombreuses organisations, dont l'OMS, ont mis l'accent sur les risques sanitaires liés au changement climatique. Nos 193 Etats membres ont demandé à l'OMS de les aider à renforcer les données scientifiques en vue d'une action politique. Ce plan nous fournit le cadre nécessaire pour aller de l'avant et formule des recommandations à l'intention des gouvernements, des établissements de recherche et des donateurs afin de combler d'importantes lacunes dans le domaine des connaissances », a souligné le directeur général de l'OMS, le Dr Margaret Chan. Au cours des dix dernières années, même si le changement climatique a été reconnu de plus en plus comme un risque important pour le bien-être de l'humanité, ses effets sanitaires n'ont que relativement peu retenu l'attention des chercheurs. Les articles scientifiques consacrés aux liens entre le changement climatique et la santé sont près de huit fois moins nombreux que ceux concernant la pollution de l'air et près de 40 fois moins nombreux que ceux sur le tabagisme, précise l'OMS. Le plan vise à accélérer, cibler et intensifier la recherche sur le changement climatique et la santé afin d'enrichir les connaissances en vue d'un examen de la question par la quinzième Conférence des parties des Nations unies (COP15) qui aura lieu à Copenhague en décembre 2009 et lors de laquelle les responsables mondiaux élaboreront un nouvel accord mondial sur le climat pour succéder au Protocole de Kyoto. Le plan définit ainsi cinq domaines prioritaires, à savoir l'interaction avec d'autres tendances et déterminants de la santé, les effets directs et indirects, la comparaison de l'efficacité des interventions à court terme, l'évaluation de l'impact sanitaire des politiques des secteurs extrasanitaires et le renforcement des systèmes de santé publique face aux effets sanitaires du changement climatique. La plupart des interventions des systèmes de santé face au changement climatique se fondent sur des compétences de base en santé publique. « Mais il faut davantage de connaissances pour définir les moyens les plus efficaces à mettre en œuvre, les stratégies préventives intégrées de santé publique réduisant non seulement les risques liés au changement climatique mais l'ensemble des risques pour la santé liés à l'environnement. »