Trente-six heures de pluies torrentielles sans interruption, (mercredi et jeudi) ont suffi pour transformer la capitale de la Saoura et sa périphérie en gigantesques torrents de boue, des flaques d'eaux pluviales stagnantes, entraînant l'arrêt de la circulation entre plusieurs communes et les isoler des régions du nord du pays. Les liaisons téléphoniques coupées et le trafic routier avec les villes du Nord ont été interdits dès vendredi, sur instruction des autorités locales pour prévenir, dit-on, tout danger. Une partie de la voie ferrée entre Béchar et Béni Ounif est démolie. La mobilisation des responsables des organismes publics concernés qui se réunissent au niveau de la cellule de crise installée à la wilaya est quasi générale et nous avons pu assister en partie à une séance de leurs travaux. Si, jusqu'ici, aucune perte humaine n'est à déplorer, par contre, les fortes inondations ont provoqué d'importants dégâts matériels, entraînant dans leur sillage l'effondrement de plusieurs habitations construites généralement en pisé (toub). La furie des eaux de l'oued Béchar (13 km) a emporté les quelques animaux faméliques du jardin public riverain de l'oued et provoqué l'effondrement d'une école primaire au quartier Haï Nour. Pour l'instant, soixante-dix familles ont été évacuées au centre d'accueil des sinistrés créé dans la précipitation au niveau d'une auberge de jeunesse, de l'ex-CFA et de l'école paramédicale alors qu'elles n'étaient la veille que vingt-six. Vingt autres familles du quartier Tinerkouk sont venues se joindre, jeudi aux autres sinistrés, a-t-on appris ce vendredi. Les pluies diluviennes n'ont pas épargné non plus les habitants des communes éloignées de oued Saoura, car vingt-six familles à Béni Abbès (240 km au sud de Béchar) ont été touchées, cinq familles à Abadla et cinq autres à Béni Ounif ont été évacuées mais à titre préventif, signale-t-on. L'armée est intervenue pour dégager par endroits les axes routiers et faciliter la circulation. Le commandant de compagnie de la Gendarmerie nationale de Béchar a failli perdre la vie en tentantde porter secours à un autocar en difficulté arrivant d'Abadla au niveau de l'oued Béchar au sud de la ville. Mais le bilan définitif des inondations n'est pas encore arrêté. Depuis 1958, affirme-t-on, jamais les eaux de l'oued Béchar n'ont entraîné une aussi importante crue (850 m3 de débit à la seconde) qui, dans leur furie, se sont infiltrées à l'intérieur des habitations riveraines de l'oued pourtant distantes et détérioré dans leur violence deux ponts séparant le quartier Debdaba au centre-ville. Le pont de la Chouffane emprunté par les passants, a été sérieusement endommagé et menace de s'effondrer. Des attroupements de dizaines de citoyens touchés par les inondations ont eu lieu devant le siège de la wilaya hier. Il est à noter que la quantité d'eau tombée au cours des deux jours est de 90 mm alors que la moyenne annuelle enregistrée dans la région est de 100 mm. Mais la persistance du temps pluvieux ce samedi laisse présager une détérioration que la population redoute avec anxiété et avec les conséquences qui pourraient être dramatiques.