Après des années de fermeture, la villa Abdellatif a rouvert ses portes, jeudi dernier, sur une remarquable exposition collective de designers algériens. Située juste en face du Musée national des beaux-Arts d'Alger, la villa Abdellatif est réputée de par son prestigieux passé. Au milieu d'une nature ineffable, se dresse la bâtisse avec ses jardins et ses dépendances. Dans un passé lointain, ce lieu était le carrefour obligé pour nombre d'artistes peintres orientalistes. Ainsi, la villa Abdellatif a accueilli, jeudi dernier, une palette de designers au talent irréprochable. C'est en présence de la ministre de la Culture, Mme Khalida Toumi, d'artistes et d'amis que l'exposition en question a été inaugurée. Les douze artistes ont eu le privilège d'exposer dans des ateliers flambant neufs, restaurés et riches en histoire. Avant de s'attarder sur les travaux des artistes, le regard est comme hypnotisé par l'agencement de l'espace. Chaque atelier est constitué de deux niveaux : le premier faisant office d'atelier et le deuxième abritant un lit, une table de nuit et un bureau. Pour les besoins de l'exposition, la superficie de chaque atelier est occupée par deux designers aux préoccupations multiples mais à la créativité débordante d'imaginaire. Izemarane Mahhi, Delmi Bouras Souad, Hafiane Faïza, Azzi Ryma, Aïssaoui Selma, Réda Ihgil, Kacer Adila, Gasmi Feriel, Salem-Boukhtache Karim... sont autant de noms venus montrer leur savoir-faire. La plupart ont eu la chance d'exposer l'année dernière au musée Mama, dans le cadre de l'année de l'Algérie en France, ou encore à l'étranger. La designer, Souad Delmi Bouras, a participé avec deux œuvres : Un tabouret en bois bourré de couleur grise et orange et un porte-manteau en bois marron baptisé « Ma petite dame ». Diplômée de l'Ecole supérieure des beaux-arts d'Alger en design aménagement, Souad avoue que la créativité ne suffit pas. « Pour arriver à la réalisation final du prototype, il y a tout un cheminement. Ce dernier est entaché de lenteurs, vu que tout n'est pas disponible sur le marché algérien, il faut solliciter plusieurs partenaires. » L'artiste reconnaît qu'elle a mis une année pour réaliser son petit tabouret. Plusieurs artisans ont été sollicités dont, notamment, un spécialiste en sérigraphie et un ébéniste. « Pour mon reposoir, j'ai utilisé de la peinture métallique pour auto, c'est vous dire les entraves que nous rencontrons pour aboutir au produit final ». Notre interlocutrice interpelle les industriels à venir visiter l'exposition en question, pour découvrir la productivité des jeunes créateurs algériens au lieu d'importer des produits de l'étranger. Plus futuriste, Réda Ighil propose, pour sa part, un jeu de tables basses, des luminaires et une chaise en plexiglas. Des objets qu'il a réalisés en un temps réduit et ce, en étroite collaboration avec Hacène Menouar, un artisan de Koléa. Réda Ighil est allé vers un concept ouvert où il a laissé libre cours à sa créativité, tout en tenant en compte de l'ergonomie. « J'ai, certes usé de ma créativité mais tout en stimulant le public. Cette exposition est une bonne opportunité pour les designers pour montrer leur savoir-faire. L'idée doit être fédérée par d'autres partenaires au niveau de la vente, à la création en passant pas la sous-traitance », a-t-il suggéré Cette exposition de designers se poursuivra jusqu'au 27 de ce mois à la villa Abdelattif. Un détour qui fera, à coups sûr, des heureux.