Avec six musées nationaux, la capitale renferme d'importantes richesses patrimoniales. Concentrés au cœur de la ville, la plupart des musées algérois sont des monuments historiques qui ont été reconvertis à l'époque coloniale. Aujourd'hui, afin de préserver ces établissements et leurs œuvres d'art, des travaux de restauration et de conservation y sont entrepris. La saison estivale est l'occasion de découvrir les périodes phare de notre pays et les nombreuses civilisations qui l'ont marqué. Alger compte six musées d'envergure nationale, le Musée du Bardo, le Musée des beaux-arts, le Musée des antiquités, le Musée des arts et traditions populaires, le Musée de l'enluminure, de la miniature et de la calligraphie et le nouveau musée ouvert en 2007, le Mama, le Musée d'art moderne algérien. Ces établissements ont une réelle valeur patrimoniale et artistique en tant que témoins de l'histoire architecturale et culturelle de l'Algérie. Mais ils nécessitent tous d'importants moyens financiers pour les sauvegarder et les valoriser davantage. Si une politique culturelle tend à émerger depuis quelques années, avec un budget croissant, elle doit s'accompagner d'une véritable politique de communication des musées afin de sensibiliser tous les Algériens à leur patrimoine national. Les musées offrent à tout citoyen la possibilité de s'approprier l'histoire culturelle, sociale, politique, scientifique de son pays, au travers des œuvres d'art, dans leur diversité et leur complexité. C'est un enjeu culturel, et au-delà éducatif, que de permettre aux Algériens de découvrir les apports de notre nation au patrimoine mondial, et réciproquement, les apports des contacts avec des civilisations étrangères qui ont traversé notre territoire. Le Bardo, un musée réputé pour sa collection préhistorique Le Musée du Bardo se situe sur les hauteurs d'Alger, dans la banlieue de Mustapha-Pacha. Le cadre de l'établissement est splendide. Celui-ci s'ouvre sur une large cour pavée de marbre, entourée de nombreux jardins bien entretenus qui conduisent à la villa dite du Bardo. Celle-ci aurait été bâtie à la fin du XVIIIe siècle par un riche tunisien exilé en Algérie, le “Prince Omar”. Par la suite, elle a été utilisée en tant que résidence d'été par des notables de l'époque. En 1879, une extension est construite par son dernier propriétaire, un Français nommé Joret, pour servir d'écuries et de remises. En 1930, l'édifice, transformé en Musée de la préhistoire et d'ethnographie, est inauguré à l'occasion du centenaire de la colonisation en Algérie. Le musée est aujourd'hui l'un des plus beaux vestiges de l'art musulman dans le pays. Depuis 1985, il est classé “monument historique”. En raison de nombreux travaux de restauration de la partie ethnographique depuis 2005, seules les collections concernant la préhistoire (période comprise entre l'apparition de l'humanité et l'apparition des premiers documents écrits) sont accessibles au public. L'un des objectifs du musée est de présenter les traces matérielles des civilisations passées et particulièrement celles retrouvées dans notre pays. Quatre thèmes sont représentés dans l'exposition. Le premier thème porte sur les cultures humaines et leurs traces matérielles (les matériels lithique, osseux et métalliques, les produits artistiques, les poteries, etc.). En Algérie, les premiers signes de présence humaine remonte à un million d'années. Le second thème est celui de l'anthropologie physique (les restes humains), le troisième celui de la paléontologie (les ossements animaux) et le dernier celui de l'archéobotanique (les restes végétaux). Les collections proviennent non seulement de fouilles en Algérie mais également de l'étranger, dans le cadre d'échanges entre pays. Le parcours est présenté dans l'ordre chronologique afin que le visiteur puisse suivre l'évolution humaine et ses cultures à travers les différentes périodes préhistoriques. Ces époques sont représentées dans deux grandes salles précédées par une salle d'introduction à la préhistoire dans le monde et notamment en Algérie. Une quatrième salle est consacrée à l'art préhistorique en Algérie. L'art rupestre algérien est de réputation internationale ainsi que l'art mobilier figuratif du Sahara méridional très spécifique. La salle Tin-Hinan, plus en retrait, est réservée à la mythique Tin-Hinan, ancêtre et reine des Touareg de l'Ahaggar. Cette partie du musée a été inaugurée en 2005 à l'occasion du Mois du patrimoine. Selon la légende, l'arrivée de Tin Hinan dans la région d'Abalessa, située à l'ouest de Tamanrasset (capitale de l'Ahaggar), serait à l'origine de la fondation de la société touareg. Le tombeau contenant son squelette, découvert en 1926, a été reconstitué et placé au centre de la salle. Le mobilier très varié qui accompagnait la sépulture (bijoux, fragments de poteries, de cuir et de bois, statuette féminine...) est aussi exposé dans le musée ainsi que de nombreux documents sur cette femme. Enfin, depuis le mois de mai dernier, le musée propose une exposition temporaire sur toutes les acquisitions faites de 2007 à 2008. Les objets proviennent aussi bien de dons de citoyens, conscients de leur valeur patrimoniale et historique, que d'achats. Un véritable effort de mise en valeur des objets et de l'espace de l'exposition a été réalisé par le musée. Le Bardo est le plus connu et le plus visité par les Algérois, soit 10 000 visiteurs par an, un chiffre qui reste cependant bien dérisoire par rapport à la population nationale. Le public est constitué de visiteurs individuels, de groupes scolaires et de délégations officielles. Si le nombre de visiteurs individuels augmentent, ils sont encore trop rares à franchir les portes de ce musée. Actuellement, le musée profite de cette période de restauration pour repenser la présentation des collections, une initiative nécessaire pour améliorer la fréquentation du musée justifiée pourtant par ses richesses patrimoniales. Musée du Bardo ouvert de 10h à 18h, du dimanche au jeudi soir et le vendredi de 14h à 18h Il bénéficie d'un parking, entrée à 20 DA et 10 DA pour les enfants. 3, rue Franklin-Roosevelt - Alger Tel. : 021- 74-76-41 Le plus ancien musée d'Algérie, le Musée des antiquités À quelques minutes du Bardo, surplombant le Parc de la liberté, se trouve le plus ancien musée d'Algérie et d'Afrique, le Musée des antiquités qui date de 1897. Il est l'un des plus intéressants tant ses collections sont variées et pour partie uniques dans le monde. Il a porté avant l'Indépendance le nom de Stéphane-Gsell. C'est un grand spécialiste de l'archéologie au Maghreb et de l'Algérie. Il est l'auteur d'une histoire ancienne de l'Afrique du Nord et d'un Atlas archéologique d'Afrique du Nord, deux ouvrages fondamentaux de l'histoire algérienne. Le portique du musée rappelle, par son ornementation, les portes du Maghreb occidental. Dans le vestibule, un parement mural en mosaïque, provenant d'une basilique chrétienne de Rusguniae (Cap-Matifou) représente le Christ en berger. Ce musée est composé de deux bâtiments dont l'un est consacré à l'Algérie antique et aux différentes civilisations antiques (puniques, romaines, byzantines et vandales) qui s'y sont installées, et l'autre à l'art islamique. Réparties dans différentes salles, les collections de sculptures, céramiques, lampes, poteries romaines et puniques ainsi que quelques éléments d'orfèvrerie romaine et des boiseries témoignent de l'histoire de l'Algérie, et plus largement du Maghreb depuis plus de 2 000 ans. Y figurent par exemple de l'archéologie médiévale et une collection d'artisanat du XVIe au XIXe siècles. La collection de mosaïques est fermée au public en raison de travaux d'urgence commencés en janvier dernier. Parmi les nombreuses pièces phare du musée, vous pourrez admirer le trésor de Ténès (IIIe-IVe siècles), un document d'une richesse exceptionnelle pour l'étude de la période du Bas-Empire (période finale de l'empire romain). Les plus curieux pourront découvrir les tablettes vandales (Ve siècle), des pièces toutes aussi rares comportant des textes en latin cursif (forme d'écriture manuelle pratiquée dans la Rome antique et jusqu'à une certaine époque, au Haut-Moyen-Âge), sans oublier la Vénus de Cherchell (Ier-IIIe siècles), déesse de l'amour et de la beauté dans la mythologie romaine et qui est une copie d'une statue se trouvant à Rome. Le deuxième bâtiment de ce musée est une maison mauresque voisine de la partie Antiquité. Elle est dédiée à la collection d'art islamique. Elle est constituée d'une section d'art de l'Occident musulman (Algérie, Maroc, Tunisie, Espagne) et du Proche-Orient. On y trouve essentiellement des manuscrits, des tapis et des broderies, des céramiques et des travaux sur bois. N'oubliez pas d'admirer l'impressionnante porte d'origine de la mosquée Ketchaoua, située dans la Basse-Casbah. Elle date du XVIe siècle et c'est un modèle rare de décor sculpté baroco-oriental. Dans le même établissement est aménagée une salle numismatique constituée de pièces de monnaie de toutes les époques, à savoir de la période punique comme des dynasties arabo-musulmanes qui ont régné en Algérie. Par ailleurs, le musée propose une très belle exposition temporaire sur le thème du “Travail du métal dans l'art islamique”, avec des pièces prêtées par le Maroc, la Tunisie, l'Iran, la Syrie et l'Egypte, du 18 mai au 18 septembre 2009. Il est préférable de demander une visite guidée, incluse dans le billet d'entrée, afin d'avoir une meilleure compréhension des collections présentées. Si l'équipement du musée est pour l'ensemble aux normes, de nombreuses pièces nécessitent d'être restaurées. Musée des antiquités ouvert de 10h à 18h, du samedi après-midi au jeudi soir Parking, entrée à 20 DA et 10 DA pour les enfants. Parc de la Liberté, Télémly-Alger, Tél. : 0 21- 74-66-86 Les musées de la médina, des hauts lieux de mémoire Parfait exemple de l'architecture mauresque des palais de la Casbah, le musée des Arts et Traditions populaires a été construit sur le site appelé “Souk El Djemaâ” dans la basse-Casbah. Le palais ressemblait à une grande demeure quand elle a été acquise par Khaznadji Hassan Pacha, trésorier du Dey Mohamed Ben Othmane, qui y a introduit des modifications et des extensions lui conférant l'aspect d'un palais. Il l'offrit à sa fille Khadidja El Amia. Le musée porte toujours son nom “Dar Khedaoudj El Amia”. La légende raconte que la princesse Khedaoudj El Amia, à force d'admirer sa beauté dans le miroir finit par y perdre la vue. Ce palais-musée a conservé son empreinte architecturale authentique. Un portail imposant de bois sculpté s'ouvre sur l'entrée principale qui mène à un long vestibule adossé à des colonnes en marbre torsadées. A l'étage, se trouvent les chambres aux murs caractéristiques de l'art mauresque, richement décorés. C'est par un escalier surmonté d'une coupole que le visiteur accède aux étages supérieurs. Au dernier étage, se trouve la terrasse qui donne sur la façade maritime. Transformé en 1947 en un service de conservation de l'artisanat, le palais est devenu en 1961 musée des Arts traditionnels et en 1987, musée national des Arts et Traditions populaires. Classées au patrimoine national, les collections ethnographiques du musée sont constituées de quelque 2 000 pièces anciennes : des meubles algérois, des instruments de musique, des bijoux de Tlemcen, des tapis d'Adrar, des tissus d'ameublement tissés en fils de soie du M'zab, des costumes, des broderies, des poteries et des ustensiles targuis, kabyles ou des Aurès. La pièce centrale du musée est dédiée aux miroirs, des objets finement travaillés et ornés. Parmi eux, figurerait celui qui aurait causé la cécité de la princesse… A découvrir, une exposition temporaire sur l'artisanat africain durant le Festival panafricain. À quelques pas, est situé le musée de l'enluminure, de la miniature et de la calligraphie. Musée Dar Khedaoudj-El-Amia, ouvert de 10h à 18h, du dimanche au jeudi soir Entrée : 20 dinars et 10 dinars pour les enfants. 69, rue Akli Malek, La Casbah - Alger Tél. : 021- 71-14-34 La plus grande collection de peintures d'Afrique S'ouvrant sur la place de Dar Es Salaam, face à l'entrée principale du jardin d'Essais le musée des Beaux-Arts, œuvre de l'architecte Paul Guion, offre une vue splendide sur la baie d'Alger. Il est situé, contrairement aux autres musées, dans un endroit plus en retrait de la ville. De la terrasse du musée, vous aurez une très belle vue sur le jardin d'Essais. C'est un musée à voir absolument tant il est riche en œuvres d'art exceptionnelles. En effet, avec plus de 8 000 peintures, sculptures, estampes, gravures et céramiques, il est considéré comme le plus grand musée d'art du Maghreb, d'Afrique et du Moyen-Orient. La constitution de cet ensemble est le résultat d'achats qui ont été réalisés dans la première moitié du XXe siècle auprès des plus grandes galeries d'art internationales, des artistes et des collectionneurs. On retrouve les tableaux des plus grands noms de l'histoire de l'art : Eugène Delacroix, Camille Pissaro, Paul Gauguin, Claude Monet, Auguste Renoir, Alfred Sisley, Gustave Courbet ainsi que des maîtres algériens tels que Mohamed Temmam, Ali Khodja Ali, Samson Smaïl, Mohamed Racim, Mohamed Khadda, Baya Mahieddine, Aïcha Haddad... C'est le musée le plus demandé pour le prêt de ses œuvres par les musées étrangers. Le fond de peintures anciennes représente la moitié de la section des peintures. Il illustre la plupart des grands courants artistiques (italien, français, flamand, suisse...). L'autre moitié du musée est répartie entre les œuvres de l'école d'Alger, la collection d'art algérien et une petite section d'art contemporain. Une exposition temporaire jusqu'à fin août 2009 est consacrée aux tableaux du grand artiste algérien contemporain, Bachir Yellès. Cependant, ce musée nécessite une véritable restauration de son bâti. Certains tableaux d'une valeur inestimable méritent d'être mieux présentés (pour exemple, les peintures sont accrochées par deux) et protégés des visiteurs comme des risques liés à l'humidité, à la chaleur ou à la lumière. Par ailleurs, il est dommage que la politique du musée ne soit orientée qu'auprès du jeune public et des initiés. Le musée gagnerait en visibilité, en attirant un plus large public. Musée des Beaux-Arts ouvert de 10h à 18h, du dimanche au jeudi soir Entrée : 20 dinars et 10 dinars pour les enfants. Rue Mohamed Belouizdad, El-Hamma - Alger Tél. : 021-71-68-21 Le premier musée contemporain du monde arabe En plein cœur de la capitale, rue Ben-M'hidi, le musée le plus récent d'Alger a ouvert en 2007, à la place de l'ancien immeuble des antiques Galeries algériennes du temps de la colonisation. Effectués en 2006, les travaux de rénovation ont été réalisés pour accueillir dans ses murs ce musée d'art moderne, le MAMA, une première dans le monde arabe. Mais il est actuellement fermé en raison de sa préparation pour le Festival panafricain. Ce musée d'art moderne algérien est typique de l'architecture néo-mauresque. L'étage supérieur est consacré aux sciences dans l'Islam en vue d'illustrer le rôle exercé par les savants musulmans dans l'évolution de nombreuses sciences au début de ce deuxième millénaire. Si jusqu'à présent, le fonctionnement du musée ressemble plus à une galerie d'art, il doit dans les prochains mois rassembler toutes les collections d'art moderne et contemporain, algérien et étranger. Musée MAMA ouvert tous les jours de 11h à 19h, sauf le samedi Entrée gratuite 25, rue Larbi Ben-M'hidi - Alger Tél. : 021-71-72-57 D. B.