Le colloque international sur la ville, intitulé « Penser la ville, une approche comparative », s'est ouvert hier au centre universitaire dans une ambiance d'enthousiasme scientifique. Après l'ouverture solennelle, à laquelle ont pris part les autorités locales, et une minute de silence observée à la mémoire de l'enseignant assassiné la semaine dernière à l'université de Mostaganem, les travaux ont débuté par la sociologie à travers le regard du sociologue Abdelkader Lakjaâ, qui a planté le décor avec sa conférence intitulée « Les ville algériennes : de la reconfiguration urbaine à la refondation du lien social ». M. Lakjaâ, qui récuse les idées pessimistes de la domination de la ruralité, a proposé d'approcher la ville telle qu'elle est réellement en Algérie et telle que les Algériens sont en train de la former et de la refaire, et non pas se fixer un idéal de ville qui n'existe nulle part. Les notions d'urbanité et de citadinité sont en cours de construction, a-t-il avancé, compte tenu de la nouveauté de l'urbain en Algérie. Sans sortir du cadre mais un tantinet provocateur, l'anthropologue et architecte Djamel Chabane a plaidé, quant à lui, pour une révision des paradigmes qui touchent à la cité, arguant de l'obsolescence de ceux utilisés actuellement. Revenant sur le concept d'urbanisation chez Ibn Khaldoun et Cerda, le conférencier a rappelé à l'assistance que moins de 10% des lois sur l'urbanisme sont appliquées en Algérie alors que la police de l'urbanisme ne sert qu'à établir et à archiver des rapports. Les travaux ont repris au milieu de l'après-midi autour des thèmes « La ville en question » et « La ville dans l'imaginaire » avec, notamment, une analyse des dynamiques urbaines en Algérie, présentée par le sociologue Saïd Belguidoum, et un regard sur l'approche du chercheur des territoires de la ville présenté par le géographe Marc Cote. A son tour, Saïd Choudra s'est interrogé sur les moyens de la recomposition de la ville fragmentée en situant les raisons de cette fragmentation dans le processus de déterritorialisation et de décontextualisation qui caractérise le modèle d'habitat en Algérie. A noter parmi les rares communications qui sortent du cadre des disciplines de l'architecture et de la sociologie du fait urbain, celle de Nedjma Benachour qui a parlé de l'imaginaire et la lisibilité de la ville dans l'écriture littéraire. Les débats qui ponctuaient les séances ne manquaient pas, à chaque fois, de laisser paraître des contradictions que les participants discutaient à bâtons rompus et de manière enrichissante, grâce notamment à l'apport des universitaires venus de France, de Suisse et du Mexique. La deuxième journée s'est organisée autour de trois ateliers intitulés « Processus de fabrication de la ville », « Habitats et pratiques habitantes » et « La ville des gestionnaires ». Les chercheurs ont tenté, chacun à travers ses travaux, de décortiquer l'apport des acteurs de la vie urbaine, l'habitant et le décideur, dans les mutations qui touchent la ville et les phénomènes « nouveaux » qui traversent celle-ci à l'image de la « soukalisation » (installation de grand marchés à l'entrée des villes) ou encore les effets probables de l'introduction d'un outil de mobilité comme le tramway.