C'est une activité qui, à elle seule, concentrait jadis l'essentiel de la main-d'œuvre locale. En proie à un profond malaise, le mythique HPK (lièges des Hamada et petite Kabylie), devenu aujourd'hui entreprise publique économique Jijel Lièges Spa, après un passage par l'Enl, ressemble désormais à un vestige fantomatique rythmé par les entrées et sorties d'un personnel qui ne fait que se tourner les pouces à longueur de journée. Depuis près de deux années, l'activité sur ce site s'est totalement ramollie, plongeant les travailleurs dans un réel désarroi. Les représentants des travailleurs issus de l'assemblée du 22 septembre dernier – l'entreprise n'a pas de section syndicale – nous diront que ces derniers n'ont pas perçu leurs salaires depuis deux mois. Les précédentes mensualités avaient été prises en charge par l'Etat dans le cadre de l'apurement des arriérés de salaires. Nos interlocuteurs ajouteront que l'activité est paralysée à 100% à cause de la rupture des approvisionnements en liège brut. Ce problème est intimement lié aux soucis de trésorerie. D'ailleurs, préciseront les deux représentants des travailleurs, le compte de l'entreprise a été bloqué par les services des Domaines. Les travailleurs de cette filiale du groupe Sodiaf soutiennent que la solution à leur problème se résume à seulement deux choix : soit le maintien de l'activité en assurant un approvisionnement régulier de l'unité, le cas échéant, prendre la décision de dissoudre l'entreprise avec indemnisation de l'ensemble des travailleurs, conformément aux textes réglementaires. Par ailleurs, les travailleurs mandatés attirent l'attention sur le défaut d'application de convention de branche, élaborée en octobre 2006, de même que la non-perception des primes individuelles et collectives. Au chômage technique non déclaré, les travailleurs de cette unité spécialisée dans la confection de bouchons attendent impatiemment la décision du groupe pour voir enfin dans quelle direction soufflera le vent. Rencontré à ce propos, le DG de l'unité estimera que l'entreprise est déstructurée et non viable à cause de l'absence de plan de charge, consécutivement au tarissement des commandes émanant de l'ONCV. Il précisera que le dossier de dissolution de l'entreprise a été préparé et les vœux des travailleurs exprimés. Le dossier ayant été validé au niveau du groupe Sodiaf, il ne reste plus que la décision finale du comité de participations d'Etat (CPE). Le passage à l'acte de ce dernier est impatiemment attendu par le collectif des travailleurs pour se soustraire, une fois pour toutes, à cette situation engluée de doute et d'incertitude. Quant aux revendications salariales des travailleurs, le DG nous expliquera que « tout relèvement de salaire est subordonné à l'amélioration de la situation financière de l'entreprise », avant de révéler la teneur de l'article 110 de la convention de branche qui énonce que « la révision des salaires de l'entreprise peut être opérée lorsque la croissance, la productivité et les résultats financiers sont positifs et que cette mesure ne remet pas en cause l'équilibre financier ». L'acte pour clore cette situation insoutenable pour un collectif désarmé et désargenté viendra le moment où le CPE consentira un arrêt sur le dossier de Jijel-Lièges Spa.