Il en a entièrement le droit, puisque l'article 176 de la Constitution permet un changement de la Constitution par voie parlementaire. D'ailleurs, il faudrait peut-être penser à prévoir un autre article qui permettrait de changer l'article qui permet de changer la Constitution. Mais bref, il en a le droit et le problème n'est pas là, mais dans l'éthique. Abdelaziz Bouteflika, homme du sérail, nommé en 1999 par le système et reconduit par le même système sur la base des domaines partagés et réservés, a donc décidé d'être président pendant 15 ans au minimum. Soit plus que Boumediène (13 ans) et plus que Chadli (13 ans), ce qui est bien révélateur d'une nature revancharde que tout le monde lui reconnaît. Dans un pays où les dirigeants n'ont plus le sens des valeurs morales et ne songent plus à donner l'exemple, le fait de briguer une présidence à vie n'est plus considéré comme de la mégalomanie autocratique. Que reste-t-il alors à la société pour garder l'espoir d'un pays juste ? Les antennes paraboliques, où à travers la fenêtre de la télévision on peut encore voir les pays qui avancent avec des mœurs politiques autrement plus responsables et des pratiques démocratiques où l'alternance n'est pas un vague concept, mais bien le fondement du pouvoir partagé. Une fois la télévision éteinte, pour beaucoup d'Algériens et Algériennes demeurera ce sentiment de fatigue. Personne n'aura eu la force de s'attarder sur cette contradiction : si le président Bouteflika veut rester président « à cause du choix du peuple », pourquoi ne passe-t-il pas par un référendum populaire ? Personne non plus n'aura la force de s'attarder sur le bilan, auquel s'accrochent tous les défenseurs de la reconduction. Oui, d'accord, on a construit trois hôpitaux, deux cités et un début d'autoroute. Mais qui dit que cheb Mami, avec les mêmes ressources financières, n'aurait pas fait la même chose ?