Photo : Riad Par Faouzia Ababsa C'est à une écrasante majorité que le comité central du Parti des travailleurs a décidé de voter pour les amendements proposés par le président de la République à la Constitution. En fait, le quitus donné par le parti de Louisa Hanoune n'était nullement une surprise pour ceux qui ont pris connaissance du rapport d'ouverture de la session du comité central mercredi dernier. Même si le PT se gardait d'anticiper sur la décision de l'une de ses instances qui possède, seule, la prérogative de trancher. Pourtant, il s'en trouvera des membres du CC (une minorité) qui ont exprimé leur inquiétude et préféré que le parti s'abstienne lors du vote. La contestation ne visait aucunement le fond mais la forme. C'est donc parce que «les amendements ne touchent pas la souveraineté de la nation, l'unité et la continuité de la République, les intérêts économiques consacrés dans l'article 17, ne remettent pas en cause les acquis contenus dans les articles 1er et 13, ne constituent pas une régression par rapport aux droits politiques, démocratiques, sociaux [même conditionnés]» que nous avons décidé de voter oui. Selon la porte-parole du PT, les instances du parti se sont d'abord interrogées sur les objectifs et les desseins de ces amendements et ont tenté de savoir s'ils contribuaient à apporter des choses positives. «Ces amendements clarifient beaucoup de choses, en tout cas dans la situation actuelle, même si nous nous battons pour un autre régime politique.» Et la présidente du groupe parlementaire de reprendre une à une les propositions d'amendement. «La protection des symboles de la révolution participe de l'attachement à l'hymne national et au drapeau. Lesquels font partie de notre histoire, de notre identité nationale. Personne ne pourra s'arroger le droit d'amputer Kassaman d'un couplet ou de retirer l'étoile, le croissant ou encore changer la couleur de l'emblème national», expliquera l'oratrice. Mme Hanoune dira que son parti partage la préoccupation quant à la nécessité de promouvoir les droits des femmes en leur permettant d'être présentes dans toutes les assemblées élues. «Parce qu'il y a beaucoup d'obstacles qui contribuent à sa marginalisation. Mais le premier obstacle réside dans le code de la famille qui discrimine, en contradiction avec le code de la nationalité. Mieux, il est anticonstitutionnel.» La secrétaire général du PT précisera tout de même que son parti est contre le système des quotas, parce qu'il ne s'agit pas de promouvoir des droits pour la galerie. Cela étant, poursuivra-t-elle, le système des quotas, s'il est contenu dans la prochaine loi organique (à condition que ce ne soit pas une ordonnance) constituera une sorte d'ingérence dans les affaires des partis politiques. «On ne peut pas demander à un parti qui ne lutte pas pour le droit des femmes et leur égalité devant la loi de les mettre sur les listes électorales. Cela participe du programme politique que chaque formation a le droit de choisir.» A propos de l'Exécutif, Mme Hanoune dira qu'il vise à en finir avec le bicéphalisme. «Cet article devra être immédiatement suivi par la dissolution du Conseil des participations de l'Etat, des Sociétés de gestion de participation de l'Etat et le retour des entreprises sous la tutelle des ministères». Une décision qui a été prise au demeurant par les pouvoirs publics mais qui tarde à se matérialiser sur le terrain. Le PT s'est, d'autre part, réjoui de la proposition de l'abrogation de l'article 74 qui dispose de la limitation des mandats présidentiels. Non pas qu'il soutienne un troisième mandat pour Abdelaziz Bouteflika. «C'est une question de principe pour nous, dira-t-elle. La limitation des mandats est une régression pour la liberté de candidature, la liberté pour le peuple de sanctionner à travers la révocabilité.» Mme Hanoune reviendra sur les conditions qui ont présidé à l'introduction de cet article dans la Constitution de 1996. Elle rejoindra d'ailleurs, dans son analyse, l'actuel président de l'APN, Abdelaziz Ziari, qui nous avait déclaré en mai dernier que cela a été fait sous la pression étrangère. «Nous étions dans une situation de guerre et les pressions internationales étaient telles que le président Zeroual a donné un gage aux étrangers à travers cet article pour les assurer que les militaires ne resteraient pas aux commandes.» Mme Hanoune expliquera, toujours par rapport au texte de la révision constitutionnelle, que son parti ne saurait en aucun cas rester neutre lorsqu'il s'agit de questions liées à l'avenir du pays et de la nation. «Si le Conseil constitutionnel ne change rien, notre parti votera oui.» Même s'il rejette la forme, c'est-à-dire la voie parlementaire. Non qu'il affectionne les référendums (il a eu à s'opposer à la voie référendaire parce qu'il n'y avait pas de débat national sur la question posée à l'époque), mais en raison de la nature de l'actuelle Assemblée, dont elle répètera qu'elle constitue un danger pour la nation. De plus, elle n'a aucune crédibilité et ne jouit d'aucune légitimité. C'est la raison pour laquelle elle n'a de cesse d'appeler à sa dissolution et à la convocation par le président de la République d'élections législatives anticipées. On ne peut pas avoir une institution légitime et l'autre qui souffre d'illégitimité. Cette Assemblée est une véritable cathédrale dans le désert, dira-t-elle encore, avant de marteler que la position du PT par rapport à la révision de la Constitution n'avait rien de partisane mais participait de sa contribution à aider à faire sortir le pays de la crise.