Les dix ports d'Algérie observeront le 12 novembre une journée de protestation. C'est ce qu'a déclaré hier la Coordination nationale des syndicats des ports à l'issue d'une réunion de son exécutif. D'un ton très dur, la coordination motive sa décision de débrayage par le revirement des autorités concernant la politique de gestion des établissements portuaires. Ainsi, les syndicalistes ont dénoncé le projet de partenariat du port de Djendjen avec la société émiratie DP Word, qui, selon eux, a été négocié en leur absence. « Ce qui est en violation avec la résolution n°6, datée du 4 juillet 2004, relative à la nécessité d'impliquer le partenaire social dans toutes les actions qui engagent les entreprises portuaires. Nous rejetons donc le projet soumis au conseil d'administration de l'Epal en dépit des réserves des membres du comité de participation », ont déclaré les syndicalistes, en rappelant que leur exclusion des négociations est également contraire aux dispositions du procès-verbal de la réunion qui a regroupé le 10 avril 2006 le ministre des Transports et deux secrétaires nationaux de l'UGTA et membres de la coordination. Ils ont appelé à « une urgente prise en charge de ces points » et rejeté par la même occasion, « dans le fond et la forme » la convention des ports spécialisés dans le transport des hydrocarbures (les STH). La coordination a par ailleurs remis sur le tapis le problème lié à la valorisation des indemnités de départ à la retraite, actuellement en instance de négociation dans le cadre de la convention de branche, et exprimé son « regret » face au « mépris » affiché à l'égard des travailleurs des ports. Devant ces « violations », la coordination a décidé d'observer une journée de protestation, prévue le 12 novembre, dans les dix ports du pays. Elle a averti que d'autres actions de protestation seront décidées dans le cas où les pouvoirs publics ne prennent pas en compte ses revendications, dont la plus importante est celle relative à la privatisation des ports de Djendjen et d'Alger. A ce titre, il est important de rappeler que le projet de partenariat avec l'émiratie DP Word Dubai permet à cette entreprise d'acheter 50% du capital des plus importants établissements portuaires et des plus rentables. Les syndicalistes ont exprimé leur préoccupation face au devenir des 3600 travailleurs de ce secteur, dans la mesure où le partenaire étranger s'est engagé à ne garder que 600 d'entre eux. Pour eux, Djendjen n'est qu'une porte d'entrée, puisque la privatisation va concerner également le port à containers d'Alger et le môle 7, qui concentrent le plus gros du commerce extérieur. « Ce sont des activités très rentables qui n'ont pas besoin d'être cédées à des étrangers, à plus forte raison s'il s'agit d'une privatisation qui laissera sur le trottoir des milliers de chômeurs. Nous voulons une privatisation qui préserve l'emploi et l'enrichit et non pas l'inverse. Le partenaire social doit avoir son mot dans tout ce qui concerne l'avenir des entreprise », a déclaré M. Abbès, membre de la coordination des ports. Ce dernier a souligné que toute tentative de trouver une solution dans l'intérêt des travailleurs est vaine. La cerise sur le gâteau, a-t-il déclaré, a été le rejet de la demande d'audience adressée par la coordination au ministre des Transports. Ainsi, force est de constater qu'encore une fois que la protestation reste la seule voie laissée aux syndicalistes pour se faire entendre. L'arrêt de travail qui paralysera les activités des ports du pays en cette journée du 12 novembre va coûter très cher au Trésor public, surtout quand on sait qu'une seule journée de grève équivaut à une perte sèche de 34 milliards de centimes, uniquement pour le port d'Alger. A signaler que le secrétaire général de l'UGTA, actuellement à Bruxelles, dans le cadre des réunions du Bureau international du travail (BIT), a déjà pris attache avec les responsables de la coordination pour une réunion dès son retour samedi. Fidèle à son rôle de pompier, il pèsera de son poids pour pousser les syndicalistes à lâcher du lest. Néanmoins, ces derniers comptent camper sur leurs décisions jusqu'au bout.