La décision a été prise samedi lors d'une réunion organisée à Alger et qui a vu la participation des représentants des travailleurs de la majorité des ports du pays. En réaction à la signature, la semaine dernière, de contrats de partenariat entre les ports d'Alger et de Djendjen, d'un côté, et l'opérateur émirati DP World, la Coordination nationale des ports du pays va observer deux journées de protestation les 24 et 25 novembre prochains. La décision a été prise samedi lors d'une réunion organisée à Alger et qui a vu la participation des représentants des travailleurs des ports d'Alger, Béjaïa, Jijel, Skikda, Annaba, Ténès, Mostaganem, Arzew, Oran et Ghazaouat. Mais ce n'est qu'hier que la déclaration sanctionnant cette réunion a été rendue publique. La Coordination des syndicats des ports d'Algérie se dit, dans ce communiqué, “profondément choquée des enjeux touchant les intérêts de nos travailleurs et de nos entreprises portuaires, et ce, suite à la signature de l'accord de partenariat conclu entre les ports d'Alger et Djendjen, d'une part, et le groupe émirati DP World Dubaï”. La coordination signale que ce dossier “a fait (…) l'objet de plusieurs tentatives de blocage”, citant à titre d'exemple la réunion qui s'est tenue le 8 novembre dernier entre les syndicats des ports d'Algérie et la Centrale syndicale représentée par le secrétaire général de l'UGTA. Cette intervention de Abdelmadjid Sidi-Saïd avait, en effet, permis le gel de la journée de protestation prévue le 12 novembre dernier. Le patron de la centrale aurait promis aux représentants des syndicats des ports d'user de son influence au niveau des institutions pour régler un certain nombre de revendications parmi celles soulevées par la coordination. Suite à cela, cette dernière avait décidé, à la dernière minute, de suspendre la journée de protestation prévue pour le 12 novembre. Selon la déclaration diffusée hier par la coordination, ce gel du mouvement de grève devait également permettre au secrétaire général de la centrale “d'entamer des consultations avec le Chef du gouvernement en échange de garanties en faveur des préoccupations légitimes des travailleurs”. Mais, comme entre-temps l'accord signé avec l'opérateur émirati a été signé et rendu public, la coordination s'est sentie trahie par cette tournure des évènements puisqu'en fin de compte les garanties avancées pour suspendre le débrayage n'ont pas été tenues comme exigé aux responsables de l'UGTA. Invité à se prononcer sur les deux accords signés avec les Emiratis, M. Abbès n'avait pas caché sa surprise devant la célérité avec laquelle la démarche avait abouti sans que le partenaire social soit associé. “On a voulu nous prendre de vitesse. Les ports c'est la souveraineté du pays. Le président de la République a parlé de ça récemment. On va s'en remettre à lui et aux patriotes de ce pays”, ripostait-il en tirant à boulets rouges sur la direction du port. Le premier responsable de l'Entreprise du port d'Alger, M. Abdelhak Bourouai, a insisté, pour sa part à défendre les accords signés, en déclarant : “Les ports du monde fonctionnent en réseau et nous, nous sommes en dehors de cette sphère. L'arrivée du partenaire émirati est bénéfique à plus d'un titre. Elle va ramener plus de trafic et un savoir-faire en la matière puisqu'il s'agit tout de même du troisième opérateur dans le monde. Il va, également, nous aider à réduire les surcoûts grâce à son expérience dans le domaine.” Cette accélération des évènements a donc poussé la Coordination des ports du pays à revenir à la charge en décidant d'observer les deux journées de protestation du 24 et 25 novembre. Elle menace même de prendre “d'autres mesures” dans le cas où “aucune suite” n'est donnée à cet arrêt de travail. Contacté par nos soins, M. Abbès Guermèche nous a affirmé, hier, qu'il s'agit là d'un mouvement de protestation et non d'une grève, car, explique-t-il, un mouvement de grève suppose de tenir une assemblée générale pour recueillir l'avis des travailleurs sur la question et le dépôt d'un préavis. Toutefois, le représentant syndical, qui a réaffirmé “toute la détermination de la coordination à se faire entendre de la part des pouvoirs publics”, tient à dénoncer, encore une fois, “la sourde oreille” opposée par le premier responsable du secteur, le ministre des Transports, M. Amar Tou, aux demandes d'audience qui lui ont été adressées par la coordination. Hamid SaIdani