Quelle crédibilité aura l'élection présidentielle d'avril 2009 ? Si la question ne s'est pas posée ces derniers mois en raison du flou et de l'opacité entretenus autour de la révision de la Constitution, elle devient cependant inéluctable après l'annonce officielle du projet et sa validation, avant-hier, par le Conseil constitutionnel. La nouvelle mouture de la Loi fondamentale n'attend en fait que son adoption par le Parlement, les deux Chambres (Sénat et Assemblée populaire nationale réunis), dont le congrès est prévu mercredi. Ce n'est sans doute pas l'institution législative, telle qu'elle est configurée et composée politiquement, qui rejetterait les nouvelles modifications apportées à la Constitution de 1996. Tout semble ficelé et cousu de fil blanc pour que les amendements prévus passent comme une lettre à la poste. Une simple formalité, dit-on, choisie pour faire l'économie d'un référendum, une opération qui aurait été très coûteuse politiquement. En évitant ainsi l'option référendaire, assurément pour ne pas s'exposer à la sanction populaire, a-t-on pour autant résolu la problématique de la crédibilité qui colle au processus électoral ? Que non ! On peut même dire sans risque de se tromper que la tournure, ces derniers jours, des événements politiques dans le pays, la complique davantage. Inutile d'aller plus loin pour en chercher les raisons. Il suffit, selon les analystes, de poser la question à qui profite la révision constitutionnelle qui lève définitivement le barrage de la limitation des mandats présidentiels à deux, pour comprendre et mesurer la portée et les implications politiques d'une telle décision sur le processus électoral et sa crédibilité. Ce serait être crédule que de croire que les voix qui s'élevaient depuis maintenant plus de deux ans, pour réclamer avec insistance un troisième quinquennat en faveur du président Abdelaziz Bouteflika, le faisaient juste pour le plaisir. Désormais, les intentions du chef de l'Etat sont claires. Sa candidature est presque certaine. Mais pas seulement : sa réélection aussi. Il est vrai que la politique est loin d'être une science exacte où l'on peut prévoir et déterminer avec minutie le résultat d'une équation, mais dans le cas de figure qui se présente à nous, il n'est pas difficile de deviner le nom de notre prochain Président. Résultat des courses : hormis les candidats qui accepteraient de jouer les lièvres, les candidats potentiels qui savent déjà, à la lumière de la révision de la loi fondamentale du pays, que le jeu est hermétiquement fermé (ou qu'il est inégal) ne se bousculeront pas au portillon du Conseil constitutionnel pour déposer leurs candidatures et prétendre à présider aux destinées de l'Algérie. Certains l'ont déjà fait savoir en refusant de jouer les faire-valoir dans un rendez-vous électoral pratiquement sans enjeu. Et cela n'est pas sans risque : les pouvoirs publics auront à coup sûr du mal à mobiliser un électorat dont on a cherché les raisons de la désaffection lors des précédents scrutins ailleurs que dans le fait politique. Tant la parenthèse démocratique semble se fermer inexorablement et que les résultats du prochain vote sont connus d'avance.