L'intérêt que l'on porte désormais à la question de l'hygiène ne se discute plus. Après de multiples entorses, négligences, le ton est à la prise de conscience. Et c'est heureux. Il est difficile de se voiler la face, de faire le dos rond quand les préjudices s'accumulent, s'entassent faisant payer à la collectivité rubis sur l'ongle, le prix exorbitant de la passivité. On n'élude plus un déficit national. Aussi, les campagnes de sensibilisation de pédagogie sanitaire deviennent de plus en plus fréquentes, mettant le doigt sur la plaie. Tout y passe. L'encre et la salive, l'image et les messages publicitaires. Mais un simple croquis vaut mille discours et harangues. L'observation quotidienne nous renseigne souvent que l'intention ne vaut pas le fait. Il y a du pain sur la planche et du grain à moudre. Les comportements et les actes dénotent toujours d'une inflexible apathie à conjurer le mal par des gestes simples mais utiles, des pratiques élémentaires mais pertinentes. Le propos n'est pas de faire porter le chapeau, mais il y a des signes qui ne trompent pas. N'a-t-on pas vu à maintes occasions des citoyens se ravitailler copieusement dans des magasins insalubres ? N'a-t-on pas vu également des poissonniers de fortune fourguer leur marchandise devant des tas d'immondices ? Un cafetier, portant une blouse répugnante, « abreuve » les consommateurs en toute quiétude. Les exemples sont nombreux. Les infractions trop fréquentes. Personne ne s'indigne ni ne réagit devant de tels comportements. L'esprit rechigne et renâcle à faire admettre un droit à la propreté. On met sous le boisseau, les grosses « tuiles » et les effluves d'eaux usées qui empestent l'atmosphère. Comme dirait Kipling, ceci est une autre affaire et il n'y a nul besoin de parler de la corde dans la maison du pendu. Faut-il pour autant se résigner et laisser faire ? On ne se débarrasse pas d'un tel fardeau sans coup férir. Il faut accomplir son chemin de croix même s'il reste long et ardu. Toute pénitence s'arrache et se mérite.