Le 32e Festival international du film du Caire, dirigé cette année encore par l'acteur et musicien Ezzat Abou Auf, a débuté le vendredi 18 novembre et s'achèvera le 28 du même mois avec la cérémonie de remise des Pyramides d'or et d'argent. Le Festival du Caire a pour ambition chaque année de proposer un panorama complet du cinéma arabe et international. Ce Festival a acquis depuis longtemps le prestigieux classement « A », comme Cannes, Berlin, Venise et Toronto. Le rituel des nombreux participants venus de tous les coins du monde est de se réveiller le matin dans le luxueux palace Sofitel au bord du Nil et de choisir ensuite les lieux de projection, à l'opéra House ou dans les salles de la métropole caïrote, toujours aussi vibrante, déroutante, stimulante : Nil City, Métro, Galaxie, Cosmos, Good News... Cette année, le programme est très fourni, les Egyptiens ont toujours l'ambition de se placer dans le peloton de tête du monde arabe quand il s'agit de cinéma. Ni Marrakech (festival sous la coupe de gens venus de Paris), ni Carthage ni Abou Dahbi ne sont en mesure de présenter un catalogue comme Le Caire aussi riche et divers. Il y a, en effet, cette année, au Festival du Caire, des films aux sujets forts et de mises en scène brillantes, comme Volver de Pedro Almodovar, Laïla Birthday de Rachid Masharawi, The Last Lear de Rituparno Gosh, Fawzia Secret Recipe de Magdi Ahmed Ali, El Greco de Iannis Smargdis, Mascarades de Lies Salem... Il y a aussi des hommages à Youssef Chahine, Samira Ahmed, Mahmoud Yassine et Tarek El Telemssany. A noter aussi un éclectisme sympathique dans le choix du jury avec le grand metteur en scène égyptien Mohamed Khan, qui a failli avoir un oscar l'an dernier avec L'Appartement d'Héliopolis et qui a réalisé aussi d'autres films brillants : Rêve de Hind et Camélia, L'Epouse d'un homme important... Dans le même jury présidé par le cinéaste espagnol Umanol Uribe, on retrouve deux superstars du cinéma arabe, l'Egyptienne Dalia El Behiry et la Syrienne Suzan Najm Eldine. Une bonne section africaine comprend des films venus du Malawi, du Mozambique, de Guinée et d'Afrique du Sud. Dans cette cité inimaginable où tout bouge vite, très vite, le jour comme la nuit, le cinéma est toujours considéré comme une chose sérieuse.Tout est visible ici, il n'y a pas de déchaînement intégriste, comme par le passé où la censure religieuse régnait sur tous les fronts (comme en Algérie aujourd'hui). Aucune œuvre ne risque l'insupportable interdit de nos Salons du livre... Au Caire, le ministre de la Culture, Farouk Hosni, probable prochain patron de l'Unesco, assume jusqu'au bout son rôle de protecteur des arts, des lettres et du cinéma... C'est aussi une bonne stratégie pour une nomination au très prestigieux poste satellite des Nations unies.