Après la mosquée Ali Betchine dont la réhabilitation – assurée par la Direction de l'aménagement et de réhabilitation des quartiers (DARQ) – fait du surplace, c'est au tour de la mosquée Ketchaoua de faire l'objet de travaux d'extrême urgence qui nécessiteront environ six à huit mois. Il s'agit, selon Abdelouahab Zekagh, chef du projet du Cneru, qui coordonne et contrôle les 15 bureaux d'études engagés à remettre de l'ordre dans la vieille médina, d'« une première mesure d'urgence comme pour le reste du patrimoine matériel relevant du Plan permanent de sauvegarde et de mise en valeur du secteur sauvegardé (PPSMVSS). Selon notre interlocuteur, il y a un problème au niveau des deux minarets du lieu de culte suite au dernier séisme qui a ébranlé les éléments de l'édifice. « Les pierres de la partie supérieure des balustres surmontées par des blocs constitutifs se sont écartées, ce qui donne une légère inclinaison. Nous devons procéder à une opération délicate comme le cerclage à trois niveaux de la hauteur outre les travaux d'étanchéité que nous prévoyons, car il y a de grands problèmes d'infiltration des eaux pluviales », explique-t-il. Rappelons que la mosquée Ketchaoua, dont l'architecture est de style romano-byzantin, a été érigée, selon certains documents, vers le début du XVIIe siècle avant d'être agrandie en 1794 par le dey Hassan. Lors de la colonisation, elle sera transformée en lieu de culte catholique et baptisée cathédrale Saint-Philippe, elle le sera jusqu'à l'indépendance où elle sera récupérée par le culte musulman. Quant aux sondages archéologiques menés depuis plus de trois mois par les techniciens et archéologues de la direction de la culture de la wilaya d'Alger à la place des Martyrs, l'opération permet, selon M. Zekagh, d'effectuer des études historiques stratigraphiques. « Vu le passage du métro et l'implantation de la grande station de métro, il est impératif de procéder à des sondages destinés à orienter le projet de la station de métro et de mettre en évidence le tracé du cœur d'Alger historique depuis la période punico-romaine à nos jours. » Sans trop s'étaler sur le sujet, le chef de projet signale que des découvertes ont été mises au jour. Faisant partie intégrante du plan permanent de sauvegarde, la station pourrait être mise à profit dans la mesure où le lieu constituerait, après les travaux, un musée souterrain d'El Djazaïr, selon M. Zekagh. Notons enfin qu'un grand rayon souterrain autour de la place des Martyrs, l'ex-Régence et l'actuel Bastion, abrite un forum de l'époque romaine, témoin de la maison péristyle découverte, il y a plus d'une dizaine d'années près du palais Dar El Hamra. Plus bas, au niveau du Palais consulaire, des travaux d'urgence ont été entamés sur l'édifice, principalement sur la balustrade des combles. « La bâtisse a été ébranlée suite aux séismes de 1980 et 2003 ce qui a causé un effondrement de la balustrade du côté est au mois d'août 2008 », explique M. Zekagh. Actuellement, il y a un BET qui dirige les travaux d'une entreprise avec une expertise du CTC de concert avec une équipe d'experts français. « Enfin, les travaux de mise hors de danger de la zone sont en cours », signale-t-il. Cela dit, le futur grand projet de restauration de l'ex-palais consulaire se fera par la Chambre de commerce elle-même sous le contrôle de la direction de la culture.