Avec la baisse du mercure, la vie devient encore plus difficile pour les SDF. Les structures d'aide sont rares. Le service d'assistance médicale d'urgence (SAMU) en fait partie mais la situation rocambolesque qu'il connaît ne peut qu'entraver son travail. En Juin dernier, un incendie s'est déclaré à l'intérieur du centre du SAMU situé à Dély Ibrahim. Deux septuagénaires grabataires sont morts calcinés. Le feu est venu également à bout de 5 chalets et les 180 pensionnaires qui y logeaient ont été dispersés dans l'Algérois. Mais les séquelles de cet incendie provoqué par un court-circuit sont toujours là. « Les pensionnaires ont été placés le jour même dans des centres à Sidi Moussa, Bab Ezzouar, Bab El Oued, ou encore pas loin de Dely Ibrahim », déclare Bayou Réda, chef de service dans ledit centre. L'espace dégagé laisse voir la résidence somptueuse des Qataris, derrière de hauts murs d'enceinte. Mais, de ce côté-ci du mur, c'est une tout autre réalité, moins somptueuse. « Aucune décision ne nous a été communiquée pour construire éventuellement de nouveaux chalets. La situation est restée en l'état. La wilaya fait néanmoins un travail formidable. Nos équipes sont toujours sur le qui-vive », indique M. Bayou. Neuf familles sont restées dans le centre de Dély Ibrahim, des femmes pour la plupart et leurs enfants scolarisés dans des établissements. « Nous avons actuellement 62 pensionnaires qui sont logés dans les bureaux administratifs », indique, plein d'amertume, M. Bayou qui est aux petits soins avec les pensionnaires : « Pas toujours facile à gérer », ajoute-t-il. Les missions du SAMU sont restées malgré cet incident les mêmes, ou presque. « Notre centre n'accueille malheureusement plus les personnes comme avant. Nous ne disposons pas de structures à cet effet », regrette M. Bayou. Une alternative néanmoins : des placements dans d'autres centres ont été effectués. Le centre trouve des difficultés à gérer des cas de personnes souvent sans papiers et venues des régions de l'intérieur. Les situations auxquelles sont confrontés les employés du Samu social sont toujours des cas désespérants et leur venir en aide n'est guère une sinécure. « Une femme enceinte de cinq mois a été retrouvée dans la rue. Elle a consenti que les brigades mobiles la prennent en charge. Mais cela a été impossible vu qu'elle n'avait pas sur elle sa carte d'identité. Il a fallu faire intervenir l'assistante du centre qui est allée voir ses parents et récupérer sa carte », raconte le chef de service. Un vieil homme de 92 ans a été retrouvé, vendredi, dans la rue par les équipes mobiles du SAMU social qui ont difficilement retrouvé ses enfants. Les brigades de secours de nuit ont été renforcées et leur travail étoffé. « Nous disposons de 8 brigades. Elles sont réparties dans les quartiers du centre-ville d'Alger, dans la périphérie proche du Ruisseau et d'El Harrach et même sur les hauteurs dans des communes de Draria, El Achour », poursuit notre interlocuteur. Selon lui, les agents alertent les services sur les cas « désespérés » mais se font fort de distribuer surtout des repas chauds. « Pas moins de 200 plats chauds sont servis quotidiennement aux SDF rencontrés dans les rues par nos agents. Ces plats consistants sont préparés dans le réfectoire du centre. Cette proportion peut augmenter pour atteindre 300 plats. La wilaya a mis les moyens », indique-t-il. « Ils s'en prennent souvent à nous car pour eux nous sommes l'Etat. Notre uniforme nous met de l'autre côté de la barrière », regrette un agent ,qui n'en finit pas de subir les gestes malveillants de ces laissés pour compte.