Epouses, filles, sœurs, belles-sœurs, nièces, fils, frères ou neveux de proviseurs, de directeurs de CEM, de chefs de centres d'examen, de correcteurs d'examen, de chefs de service, d'employés ou de secrétaires à la direction de l'éducation, proches de directeurs de wilaya, de magistrats, de députés et membres de l'APW, soit 17 personnes sur les 28 reçues au concours de recrutement de l'année 2008 des adjoints de l'éducation dans la wilaya d'El Tarf. El Tarf. De notre correspondant C'est ce que divulgue une lettre adressée au ministre de l'Education nationale, Boubekeur Benbouzid, par 15 adjoints de l'éducation délibérément recalés à ce concours et dont les révélations sur ces manigances ont conduit la tutelle à dépêcher une commission d'enquête qui n'a pas donné signe de vie depuis un mois. L'affaire de ces 15 protestataires n'a pas livré tous ses secrets. Elle débute en 2006 avec le concours de recrutement d'adjoints de l'éducation. Différemment de 14 autres lauréats au même concours, qui sont engagés comme stagiaires, c'est-à-dire à durée indéterminée, ils sont recrutés comme contractuels (?). Ils acceptent cette mauvaise fortune pour échapper au chômage avec le secret espoir et la ferme promesse de passer stagiaires au recrutement de 2007. Mais l'année suivante, 8 autres stagiaires sont recrutés parmi lesquels 6 filles révoquées un mois plus tard parce que surqualifiées (voir El Watan du 20 et 23 janvier 2008). Elles obtiendront gain de cause par voie de justice en juillet 2008. Nos 15 adjoints de 2006, laissés en rade en 2007, s'accrochent encore car convaincus de leur bon droit. Mais en 2008, on leur fait savoir qu'ils doivent repasser l'examen de recrutement pour obtenir le poste. Ils protestent alors énergiquement et refusent de repasser un concours qu'ils ont réussi en toute légalité deux ans auparavant. Néanmoins, les engagements du directeur de l'éducation et du chef de service du personnel de peser de tout leur poids auprès des services de la Fonction publique et du ministère, s'ils se présentent à l'écrit, finissent par les convaincre. Quelle belle farce ! Seuls 3 des 15 adjoints seront reçus au concours de septembre 2008 et, 20 jours plus tard, il n'en reste plus qu'un seul après l'oral. Ils crient à l'injustice et au népotisme et manifestent bruyamment jusqu'à être entendus par le wali. Une commission d'enquête ministérielle conduite par un inspecteur général est alors dépêchée pour tirer l'affaire au clair. Pendant les trois jours d'investigation, elle convoquera les adjoints qui découvriront en même temps qu'elle que leurs copies d'examen ont été soit remplacées, soit complètement réécrites avec imitation de la signature. On constatera également le gommage de la première note et l'absence du cachet du CNEC. Les adjoints de l'éducation que nous avons rencontrés nous diront que les membres de la commission étaient convaincus de la trituration des copies d'examen. En fait, cette affaire n'est pas la seule à éclabousser la direction de l'éducation d'El Tarf. On en compte une bonne dizaine qui met en cause cette direction, dont celles du lycée de Chbaïta et du mobilier scolaire – une histoire de plusieurs milliards de centimes – toujours pendantes devant la justice. Le directeur de l'éducation, Messaâdia Mourad, a même été placé sous contrôle judiciaire pendant plusieurs mois tout en restant cependant à son poste, alors que des fonctionnaires subalternes ont été suspendus pour des broutilles qui ne gênent en rien leurs activités professionnelles. Ceci ne pouvait être interprété que comme un gage d'adoubement par l'administration centrale de l'éducation. Aujourd'hui, les 15 adjoints de l'éducation quoiqu'encouragés par l'exemple de leurs collègues filles révoquées qui ont saisi la justice n'en sont pas moins inquiets. Le black-out du ministère sur cette affaire de fraude, de faux et d'usage de faux dépasse de loin les prérogatives de l'administration. Le favoritisme et le népotisme par lesquels ils ont été privés d'un emploi qu'ils ont obtenu uniquement par le mérite peuvent trouver des relais à Alger. « Ils sont encore capables de faire disparaître les copies falsifiées et toutes les traces pour ensuite nous accuser de diffamation. Ne dit-on pas que l'éducation est une grande famille ? La preuve. »