En 2008, l'Algérie occupe la peu reluisante 92e place sur un total de 180 pays avec seulement 3,2 sur 10, indique le dernier rapport de cet organisme rendu public en septembre dernier. Si son classement s'est « amélioré » par rapport à 2007 quand elle occupait la 99e place, l'Algérie demeure parmi les pays les plus touchés par la corruption. Elle est au même niveau que le Gabon, le Sri Lanka et la Bosnie, surclassée par des pays comme la Colombie, le Mexique (70e), le Pérou (72e), le Maroc (80e), le Sénégal, le Panama et l'Albanie (85es). Même dans le monde arabe, elle n'est pas loin du bas du tableau : elle est à la 9e place sur 22 pays. Elle peut, cependant, se targuer d'être mieux classée que Djibouti et le Liban (102es), l'Egypte (115e), la Libye (126e), la Syrie (147e) ou encore l'Irak en guerre (178e), mais elle est bien loin derrière le Qatar (28e), les Emirats arabes unis (35e) et les autres pays du Golfe et du Maghreb comme la Tunisie (62e). L'Organisation des parlementaires arabes contre la corruption tire la sonnette d'alarme dans un communiqué rendu public hier à l'occasion de la célébration de la Journée internationale contre la corruption qui coïncide avec le 9 décembre de chaque année. Selon cette organisation qui se réfère aux différents rapports établis par des organismes spécialisés, le classement du monde arabe a encore dégringolé. Elle stigmatise les gouvernements des pays arabes qui manquent de stratégie de lutte contre ce fléau, leur demandant de prendre des mesures adéquates pour l'endiguer. L'AALCC appelle, de son côté, les « citoyens intègres » à livrer bataille à ce fléau qui ronge de plus en plus la société. Elle souligne que le gouvernement algérien n'a pas célébré, une nouvelle fois, cette journée dédiée à la lutte contre la corruption, considérant cela comme une preuve on ne peut plus claire d'un manque d'engagement dans cette bataille qui « nécessite la mobilisation de tout le monde ».L'AALCC considère qu'il n'y a pas l'ombre d'un doute que le gouvernement n'a jamais eu « le moindre soupçon de volonté politique de lutter contre la corruption ». Pour elle, si l'Algérie ne célèbre pas cette journée instaurée par l'ONU en 2004, c'est bien parce qu'elle n'a aucun bilan à présenter sur l'application de la Convention des Nations unies contre la corruption. « Une déflagration sociale... » Djilali Hadjadj, président de l'AALCC, parle plutôt d'un bilan désastreux pour l'Algérie, cinq années après la signature de la Convention. En d'autres termes, rien n'a été vraiment fait pour juguler ce fléau. Même la loi du 20 février 2006 de prévention et de lutte contre la corruption, avec toutes ses imperfections, n'a toujours pas été appliquée. Pour étayer ses propos, M. Hadjadj évoque l'agence gouvernementale contre la corruption, malgré ses limites réglementaires, qui n'est toujours pas mise en place, le processus de déclaration de patrimoine qui est éclaté et dispersé sans mécanisme de suivi et de contrôle et les modifications apportées au code des marchés, qui descend plus que jamais en deçà des normes internationales en vigueur en favorisant le gré à gré. Faisant état de la situation du pays, l'AALCC estime que le chaos sociopolitique et économique qui y prévaut depuis de longues années a énormément favorisé les conditions de l'explosion de la corruption. L'AACC dénonce ce qu'elle qualifie de « coup de force du pouvoir en place contre la Constitution de 1996 ayant abouti à la présidence à vie pour l'actuel chef de l'Etat ». Cette « réforme » ne va nullement arranger les choses, souligne M. Hadjadj, qui n'exclut pas « l'avènement rapide d'une déflagration sociale sans précédent qui balaiera tout sur son passage ». L'AALCC ne se décourage pas ; elle appelle les Algériens à continuer à se mobiliser pour « construire la démocratie, faire reculer la pauvreté, lutter contre la corruption... » Cela peut se résumer en un « non », estime l'Office des Nations unies contre la drogue et le crime (ONUDC), dans une déclaration rendue publique hier. Pour cet organisme onusien, un mot suffit pour combattre ce fléau : non aux pots-de-vins, aux politiciens corrompus, véreux et malhonnêtes. L'ONUDC a, ainsi, placé sa campagne cette année sous le slogan : « Votre non-compte ». Le rapport de Transparency International (TI) montre, cependant, que la corruption n'est pas moins pratiquée dans les pays développés ou émergents. Ainsi, l'indice de perception de corruption dans les pays exportateurs (ICPE) prouve que le versement de pots-de-vin à l'étranger par des entreprises des puissances économiques émergentes comme la Chine, l'Inde et la Russie est monnaie courante. Dans ce rapport, il est indiqué qu'en Belgique et au Canada, les entreprises s'adonnent moins à cette pratique ; ces deux pays sont en tête du tableau avec 8,8 sur 10. L'Allemagne partage la 5e place avec le Royaume-Uni et le Japon sur un total de 22 pays. La France occupe la 9e place avec les Etats-Unis et Singapour. En bas du tableau, on trouve l'Inde à la 19e place, le Mexique à la 20e, la Chine à la 21e et la Russie à la dernière place avec seulement 5,9 sur 10. Selon le rapport, la corruption touche particulièrement le secteur du bâtiment et des travaux publics ; de nombreuses multinationales versent des dessous-de-table pour obtenir des marchés à l'étranger. Cependant, pour le président de l'AALCC, les résultats de ce rapport sont à prendre avec « précaution ». M. Hadjadj s'étonne, en effet, de l'« honorable position » occupée par l'Allemagne, pourtant secouée par l'énorme scandale de corruption au sein de Siemens, et la Grande-Bretagne qui a été éclaboussée par une affaire de contrats de vente d'armes à l'Arabie Saoudite. Il considère que la corruption n'est pas moins pratiquée dans ces deux pays qu'elle ne l'était en Russie ou en inde.