Lors de la récente visite du chef d'état-major de l'ANP, Ahmed Gaïd Salah, à la tête d'une importante délégation en république tchèque, les deux parties ont certainement abordé la probabilité de l'acquisition d'avions militaires. République tchèque. De notre envoyée spéciale L'Algérie a acheté récemment deux avions militaires tchèques et prévoit, dit-on, d'en acquérir un troisième. Karel Simsa, responsable d'Egap (Export Guarantee and Insurance Corporation) confirme : « Les relations commerciales entre les deux pays ne sont pas très denses. C'est la coopération militaire qui prend la part du lion. Il y a deux ans, l'Algérie a acheté deux avions militaires pour un montant qui dépasse les 5 millions de dollars. » Parmi les acquisitions de l'Algérie figure notamment un L59 Albatros. » Il souligne que des discussions sont actuellement en cours pour l'achat d'un autre avion militaire. Seul problème : l'entreprise tchèque d'aéronautique militaire Aero souffre de grandes difficultés financières. Sa survie dépend de la vente de ses appareils en stock. Vaclav Hejmanek, représentant de l'Agence tchèque chargée de la promotion du commerce « Czech trade » explique : « Ils ont beaucoup de problèmes ces derniers temps. Il leur reste 40 avions en stock et ils doivent à tout prix les vendre pour sauver l'entreprise. » Notre pays pourrait ainsi porter secours à une entreprise au bord de la banqueroute. L'Algérie est, aux yeux des Tchèques, un assez bon client. Notre pays a reçu dix avions L-39ZA en 1987, dix L-39ZA en 1988, douze L-39ZA en 1991 et sept L-39C en 1991. L'avion L-39 Albatros est à l'aéronautique tchèque ce qu'est la Rolls Royce au secteur automobile. Ces appareils ont équipé l'école d'entraînement avancé d'Oran. Créé en 1919, Aero Vodochody fait partie des plus vieux constructeurs d'avions dans le monde. En 2003, l'Etat tchèque, qui avait entrepris la restructuration de la société (départ de plus de 500 employés) souhaitait s'en désengager et cherchait un nouvel acquéreur. Boeing s'était également retiré du capital en novembre 2004. L'entreprise Aero Vodochody a finalement été rachetée à 100% en octobre 2006 par le groupe d'investissement tchéco-slovaque Penta pour 105 millions d'euros. La délégation conduite par le chef d'état-major de l'ANP, Ahmed Gaïd Salah, a également fait une escale dans la paisible province de Kunovice en Moravie. Ils ont ainsi eu à visiter l'usine de maintenance des avions militaires. « En effet, nous avons reçu une délégation de très haut niveau la semaine dernière. Nous accueillons régulièrement des militaires et ingénieurs algériens. Ils font généralement des stages pour apprendre la maintenance de très haut niveau et procèdent à des entraînements militaires sur les appareils tchèques », nous dit M. Khallas Oliver, directeur de la défense dans un accent slovaque. Notre interlocuteur se réjouit du fait que des ingénieurs algériens se soient mis à la fabrication d'avions « Zlin-142 » (portant le nom d'une ville tchèque). « Les Algériens importent les matériaux nécessaires pour la confection des Zlin 142 et ils font le montage à Oran », précise-t-il. La coopération algéro-tchèque a ainsi abouti à la fabrication d'avions militaires « made in Algeria ». L'industrie militaire tchèque a néanmoins perdu de sa superbe. Après la dissolution du bloc soviétique et du Pacte de Varsovie, la production de l'armement a connu une perte de vitesse. Les professionnels du secteur espèrent que l'entrée de la République tchèque dans l'OTAN et la professionnalisation de l'armée donneront un nouveau souffle à l'industrie militaire. Aujourd'hui, la majorité des industries militaires sont privatisées et acquises par des groupes étrangers. Les difficultés rencontrées néanmoins par quelques entreprises depuis 2001 les ont conduit à être soit re-nationalisées (Aero Vodochody), soit à déposer le bilan (à l'exemple des entreprises Moravan Aeroplanes et Kappa 77). Le montant des exportations tchèques de matériel militaire dans le monde est de l'ordre de 80 millions d'euros.