Fini les dépenses somptuaires. La souveraine a averti ses petits-fils, les princes William et Harry, deuxième et troisième dans l'ordre de succession à la couronne, que le pays traverse une « période difficile », et que tout étalage ostentatoire de richesse serait malvenu. Les Britanniques, alarmés par la récession qui s'installe, sont peu disposés à voir la famille royale jeter l'argent par les fenêtres. A la tête d'une fortune de 320 millions de livres (375 millions d'euros), la souveraine âgée de 82 ans a, elle-même, la réputation d'être économe. « Elle n'est pas un personnage extravagant, elle ne l'a jamais été. Elle n'a jamais gâté ses enfants, parce qu'elle ne croit pas que ce soit la chose à faire. Elle s'attend à ce qu'ils (les membres de la famille royale) suivent tous son exemple pour ce Noël. Enfants, petits-enfants, ils vont tous se comporter de la même façon », était-il déclaré par les spécialistes des faits du palais. Il est peu probable que nous verrons William et Harry sortir dans des boîtes de nuit, ivres morts et batifoler avec de séduisantes jeunes filles. La souveraine est connue pour veiller à ce que les lumières du palais de Buckingham restent éteintes quand une pièce est inoccupée. A la mi-octobre, au cours d'une visite d'Etat en Slovénie et en Slovaquie, elle a montré comment elle réduisait les frais de sa garde-robe. Pour un banquet d'Etat à Ljubljana, la capitale slovène, elle a demandé aux couturières du palais de Buckingham de lui confectionner une robe à partir d'un brocart gris argenté, aux liserés or, qu'elle avait reçu en cadeau il y a plus de 20 ans, lors d'une tournée au Moyen-Orient. Elle s'est aussi promenée dans le centre de Ljubljana dans une tenue rouge déjà portée pour un événement officiel en avril. Cette légère entorse à l'étiquette, qui veut que les tenues officielles ne soient pas réutilisées, lui est assez coutumière. Mais la presse y a vu une signification nouvelle, en évoquant sa conversion à la « credit crunch couture », la mode pour les petits budgets affectés par la crise du crédit. Son époux, le prince Philip, n'a pas plus le goût du luxe. A 87 ans, il continue à porter des pantalons achetés 30 ans auparavant. Depuis 1990, sous leur férule, les dépenses annuelles de la famille royale ont diminué de plus de moitié pour se fixer à 40 millions de livres (46 millions d'euros) en 2008. Si les enfants et les petits-enfants ne partagent pas tous l'austérité du couple royal, sa fille, la princesse Anne, s'est présentée cet été au mariage d'un membre de la famille dans la même robe brodée qu'elle portait en 1981 au mariage de son frère, le prince Charles et de Diana. La reine n'a elle-même pas complètement été épargnée par la crise, puisque son ancienne maison de couture, Hardy Amies, et le fabriquant de porcelaine et de faïence, Royal Worcester and Spode, dont elle était cliente, ont récemment fait faillite.