Comment faire pour attirer encore plus d'entreprises canadiennes en Algérie ? En allant, tout simplement, les chercher dans leur pays. C'est la méthode privilégiée par les diplomates algériens au Canada qui ont fait du lobbying entre les deux pays pour organiser, jeudi dernier à Montréal, le colloque sur les opportunités d'affaires en Algérie. Montréal De notre correspondant Derrière l'événement se trouve l'Alliance d'affaires Canada-Algérie (AACA), qui l'a co-organisé avec l'Alliance des manufacturiers et exportateurs du Québec. L'AACA, créée il y a quatre ans, n'a pas activé depuis. En juillet dernier, Smaïl Benamara, l'ambassadeur d'Algérie à Ottawa, a réussi à convaincre ses membres de la relancer. Lors du sommet de la francophonie d'octobre dernier qui s'est tenu dans la ville de Québec et après la rencontre de Mourad Medelci, ministre des Affaires étrangères, avec les membres de l'AACA, l'idée d'organiser ce colloque a été retenue. Pour convaincre les entreprises canadiennes d'aller en Algérie, il n'y a pas mieux que de faire parler des chefs d'entreprises canadiens qui activent en Algérie et qui sont heureux dans leurs affaires en plus, bien sûr, de ramener les clients potentiels – des entreprises et des institutions algériennes. « Notre souci, en organisant ce colloque, a été de toucher les entreprises et les médias canadiens qui ne connaissent pas bien la réalité algérienne où l'Algérie n'est citée qu'à travers les mauvaises nouvelles », a affirmé à El Watan l'ambassadeur d'Algérie au Canada, qui explique que l'objectif de ce genre de rencontre n'est pas de signer des contrats sur place. « D'ailleurs nos partenaires le savent, tous les contrats passent par des appels d'offres internationaux. Il n'y a pas de négociations directes », ajoute-t-il. Du côté des entreprises algériennes, Ahmed Bessa, PDG de la banque CNEP et président de l'Association des banques et des établissements financiers (ABEF), a plaidé pour un partenariat ou des investissements directs de banques canadiennes en Algérie, en énumérant les besoins et le potentiel algériens. Celui-ci avait été précédé par une intervention de Abdelkrim Mansouri, directeur général de l'Agence nationale de développement des investissements (ANDI), qui a fait une présentation des avantages octroyés aux investisseurs en Algérie. Dans son intervention, Abdelwahid Bouabdallah, le PDG d'Air Algérie, a lancé aux Canadiens cette boutade : sa compagnie a fait le nécessaire en inaugurant la ligne Alger-Montréal et ils n'ont aucune excuse pour ne pas aller en Algérie. Ahmed Tibaoui, vice-président du Forum des chefs d'entreprises, a mis en garde les présents qui arguent des lenteurs bureaucratiques en Algérie. « Si vous attendez que ce soit idéal, d'autres prendront vos places », a-t-il affirmé en égrenant une liste de grandes compagnies déjà présentes en Algérie. Ali Rezaiguia, conseiller du PDG de Sonatrach, a présenté les plans d'investissements de la compagnie pour les 5 prochaines années – un minimum de 45,5 milliards de dollars. Mériem Slimani, chargée de mission à Algérie Télécom, a donné quelques pistes sur les opportunités de partenariat dans le domaine des technologies de l'information et de la communication. Le PDG de SNC Lavalin, Jacques Lamarre, dont l'entreprise est présente en Algérie depuis les années 1970, a résumé les quatre points importants pour investir dans un pays : une bonne gouvernance, les infrastructures, les taxes, le poids de la bureaucratie ainsi que la sécurité. Points sur lesquels l'Algérie obtient un bon score, selon lui. Jean-Pierrre Sauriol, PDG de Dessau, a invité les entreprises canadiennes à aller en Algérie. « En ces temps difficiles, regardez vers l'Algérie ! », a-t-il lancé. Pour réussir en Algérie, selon lui, il faut de la patience, de la persévérance et de la présence. Une idée que partage André Dubois, délégué commercial principal de l'ambassade du Canada en Algérie, qui conseille aux Canadiens d'avoir un partenaire local et un financement. Pierre Brodeur, du groupe Taures, a joué la carte de la vérité : « Oui, il y a de la bureaucratie en Algérie, oui parfois les employés ne sont pas à cheval sur l'assiduité… mais la patience finira par payer », a-t-il dit. Denis Belisle, président de l'AACA et président du conseil international de Dessau, a affirmé à El Watan qu'un colloque similaire sera organisé à Alger au cours du premier semestre 2009. Une information que confirme l'ambassade d'Algérie à Ottawa. Le colloque a été clôturé par une intervention de l'ambassadeur d'Algérie au Canada, Smaïl Benamara, et du ministre canadien des Affaires étrangères, Lawrence Cannon.