De notre correspondant à Montréal Youcef Bendada Dans ce contexte, le Canada est un pays remarquable pour le développement des affaires, notamment à l'export. Les opérateurs canadiens s'appuient sur un appareil diplomatique extrêmement performant qui est au service de ses exportateurs en leur apportant son appui, en leur prodiguant les conseils utiles, et en leur prêtant toute l'assistance voulue dans leur recherche de nouveaux marchés. Sans cet appui, les exportateurs auraient bien des difficultés à s'exprimer en dehors du marché nord-américain qui absorbe une part appréciable de l'importante et diversifiée production canadienne. Le degré d'efficience de ce support est si élevé qu'une telle stratégie devrait être prise en exemple par nos gouvernants, et bien évidemment notre appareil diplomatique, dont le rêve est de faire de notre pays «un pays exportateur hors hydrocarbures». Cette année, l'offensive des opérateurs canadiens est remarquable puisque sur les préparatifs techniques et commerciaux vient se greffer une mission culturelle qui accompagnera les entreprises intéressées par le marché algérien. Culture et économie : l'offensive québécoise sur le marché algérien Ainsi et pour cette année, ce sont pas moins de quatre opérateurs qui conjuguent leurs efforts pour organiser la mission canadienne qui sera présente à la 41e Foire internationale d'Alger du 7 au 12 juin 2008. En s'associant, ces intervenants qui sont une organisation de lobbying (Conseil canadien pour l'Afrique), une société de consultation (Consultations Contacts Monde), une représentation diplomatique (ambassade en Algérie) et, enfin, un ministère de souveraineté, (ministère des Relations internationales), s'assurent de la réunion de tous les atouts destinés à réussir leur action. Bien sûr, toute opération repose d'abord sur le travail des services commerciaux de l'ambassade du Canada en Algérie. D'ailleurs c'est M. Gilles Poirier, conseiller commercial en poste à Alger, qui encourage les opérateurs en mâchant le travail et en précisant d'emblée les secteurs de prédilection qu'il conseille aux opérateurs et dont un extrait de sa lettre a été publié par le Conseil canadien des affaires sur leur site Internet. On y lit : «L'Algérie est le premier partenaire commercial du Canada tant sur le continent africain qu'au Moyen-Orient, avec des échanges bilatéraux de près de 5,2 milliards de dollars canadiens, en 2006, et le Canada y jouit d'une excellente image. Les opportunités économiques et commerciales sont donc multiples et il faut en profiter maintenant, d'autant plus que l'Algérie mène un programme de réformes économiques libérales qui a permis d'atteindre un taux de croissance de 5% au cours des dernières années et des réserves de changes totalisant 100 milliards de $US. Le gouvernement algérien a aussi mis en place le programme de soutien à la croissance économique pour la période 2005-2009 doté d'un budget global de 160 milliards de $US destiné à renouveler les infrastructures et à améliorer les services du pays.» Enfin, et pour définitivement s'entourer du maximum d'atouts pour s'engager dans cette opération, voilà que la présence des entreprises canadiennes va se faire sous le même chapiteau que les deux autres membres de l'ALENA (l'Alliance nord-américaine de libre-échange), soit les États-Unis d'Amérique et le Mexique en occupant un stand unique, se donnant les moyens de briller et, surtout, de démontrer la force de frappe du continent nord-américain qui se cherche un ancrage durable en terre africaine. Cette opportunité qui se présente aux membres de l'ALENA tombe à pic, les nouvelles économiques pour ce continent (Amérique du Nord) n'étant pas reluisantes puisque les États-Unis sont ébranlés par la crise financière la plus dramatique depuis 1929 et s'engagent dans un cycle de récession dont la durée ne peut être précisée à l'heure actuelle, Tous les clignotants étant au rouge. Cependant, la présence de ces trois pays est de nature à donner du corps à la Foire d'Alger qui élargit ainsi son portefeuille d'exposants et par là même d'occasions d'affaires avec d'autres pays que la France, l'Espagne, ou l'Italie et l'Allemagne. Non seulement le Canada se présentera en force mais, il fait mieux. Il a délégué la ministre des Relations internationales, Mme Monique Gagnon Tremblay, qui s'est déplacée à Alger le mois dernier et a été l'hirondelle qui a transporte donc dans ses bagages une quinzaine de films de l'excellent cinéma québécois qui seront projetés dans la salle Ibn Zeïdoun de Ryadh El Feth durant la tenue de la Foire internationale d'Alger. La cerise sur le gâteau : une dizaine de films québécois à Alger Cette mini-manifestation culturelle permettra aux cinéphiles algérois de prendre connaissance du cinéma québécois, notamment en rencontrant des réalisateurs et en évoquant avec eux les modes de financement de ce cinéma. D'ailleurs, un des promoteurs de cet événement avec le Consulat général d'Algérie, la SODEC (Société pour le développement des entreprises culturelles), qui est une entreprise d'État gérant les finances destinées à la promotion des activités culturelles, sera partie prenante et évoquera à Alger, sans nul doute, son expérience dans le financement de la culture au Québec. Enfin, et pour la bonne réussite de l'événement, l'organisme Vues d'Afrique, auquel nous devons depuis 24 années le Festival des films africains à Montréal, coordonnera la tenue de cette mini-semaine de films qui intervient en vertu d'un accord culturel datant de plus de 20 ans et dont la reconduction est faite tacitement selon les termes dudit accord !