Les bourgades éparpillées un peu partout sur les terres du Titteri ont vécu ces jours-ci sous l'emprise d'une dépression qui a provoqué d'importantes chutes de neige sur toute la région. Mais si dans les grands centres urbains, relativement bien dotés en moyens de transports et raccordés au gaz de ville, l'événement climatique a été une occasion de joie et de gaîté, à environ une dizaine de kilomètres du chef-lieu, le vécu est en revanche plutôt dur. Quelques couches de neige seulement ont été suffisantes pour empêcher, le week-end dernier, des lycéens, des collégiens, des enseignants et bon nombre de travailleurs, habitant aux villages de Ben Haddou, Beni Aïch, Boussena, El Djouahria, Smamnia et autres de rejoindre leurs lieux d'activités. A partir du village des Beni Aïch, situé à plus de 2 km en contrebas du village agricole Ben Haddou Bouhdjar, des enfants de moins de 10 ans font plus de 40 minutes de marche pour regagner leur établissement. En hiver, cette région est souvent enveloppée d'immenses couches de brouillard, ce qui augmente la crainte des parents pour leur progéniture. Ces écoliers encore très jeunes doivent quitter tôt le matin leur domicile alors que l'obscurité est encore pesante. Ils traversent quotidiennement de vastes étendues sans âme qui vive. Une fois à Ben Haddou, les élèves du cycle moyen, à partir de 7 h, doivent encore faire le guet pour espérer se trouver une place debout dans le seul bus destiné au transport scolaire. « La rentrée des classes au niveau du CEM d'Ouezra se fait à partir de 8h30, nos enfants, ceux qui sont embarqués au premier ramassage des élèves, sont déjà sur les lieux à partir de 7h30 ! Je suppose que vous pouvez imaginez un peu le niveau du mercure à cette heure-là quand vous savez qu'on est à 1000 m d'altitude », regrette un parent d'élève. Au demeurant, et hormis ces aléas liés aux perturbations de la météo, ces villages souffrent depuis longtemps du manque de moyens de transport et de bien d'autres commodités de base. Toutefois, ces deux derniers mois, ce problème s'est accentué, avec notamment le refus des transporteurs reliant Ouezra à Médéa de passer par Boussena et Ben Haddou. Beaucoup de citoyens nous ont affirmé qu'ils ont à plusieurs reprises sollicité la direction des transports, sans toutefois que la situation s'améliore. Les transporteurs, selon nos interlocuteurs, du moins pour certains d'entre-eux, doivent obligatoirement passer par Boussena et Ben Haddou, selon l'itinéraire tracé par la direction des transports. L'argument avancé par les transporteurs est d'ordre purement lucratif. Le marasme perdure et la population continue de végéter dans la misère. « Cette pénurie de bus de transport est en fait fabriquée de toutes pièces, ces transporteurs font exprès de laisser s'écouler de longues heures pour venir ensuite entasser les gens comme du bétail. Ils ne se soucient ni de la tutelle ni d'ailleurs d'une quelconque autorité », nous dira un citoyen rencontré à un arrêt de bus au village de Ben Haddou, affirmant que cela fait plus d'une heure qu'il attend. Contacté, M. Ben Otmane, directeur des transports à la wilaya de Médéa, dira que l'action coercitive entamée par les services concernés est efficace, mais le manque d'infrastructures, telles que les gares routières, rend plus ou moins difficile le suivi de cette activité. Il prévoit dans ce contexte que dans un échéancier de deux années, toutes les daïras de la wilaya seraient munies d'une gare routière. « Pas moins de 50 véhicules de transport sont mis en fourrière chaque semaine pour différentes infractions commises », déclare-t-il. Il regrette, par ailleurs, le fait que 80% des citoyens abandonnent les requêtes engagées contre des transporteurs. Si les transporteurs ont leurs propres raisons pour opter toujours pour l'itinéraire le plus offrant, l'administration, à son tour, s'en lave les mains prétextant le manque de moyens de contrôle. Le marasme perdure et les citoyens continuent de souffrir.