Après avoir englouti des enveloppes financières, estimées à des dizaines de milliards de centimes, le site de Bellara, ou le terrain de l'ex-fameuse zone franche, virtuellement transformée depuis quatre ans en zone industrielle, semble mis aux oubliettes. Plus aucune autorité, ni autres responsables, particulièrement à l'échelle centrale, ne semblent préoccupés par le sort réservé à ce site de 523 ha, aménagé à l'effet de recevoir des projets ambitieux pour la région, comme on a osé le déclarer, il y a quelques années, avant que ces promesses ne partent en fumée. Il convient de savoir que ce site avait été retenu dans les années 1970 pour être destiné à la construction d'une usine sidérurgique. Les grands travaux d'aménagements qui avaient été effectués afin de préparer le site en question à recevoir ce projet n'auront finalement servi à rien, avant qu'on efface tout et qu'on recommence. Plus tard, à l'époque dite de « l'ouverture » de l'Algérie sur l'économie de marché, on annoncera, en grande pompe, précisément un certain mois d'avril 1997, la réalisation d'une zone franche sur le fameux site. Ceci suffira pour que tout soit mis en branle, encore une fois, pour faire aboutir ce grand projet, qui a trop tardé, non sans avoir dévoré d'autres milliards, inutilement dépensés dans les visites guidées sur les lieux et les conférences organisées à Jijel pour le faire connaître aux investisseurs nationaux et étrangers. On dépensera encore 1,5 milliards de dinars, qui seront gaspillés dans la construction d'un mur d'enceinte de 14 km autour du site. Les initiateurs du projet, qui a fait fantasmer toute une région durant de longues années, n'ont pas omis de construire également quelques blocs à l'entrée du site de Bellara pour installer, tenez-vous bien, les services…de douanes, de la Protection civile et de quelques autres administrations. Des vœux d'investissement sans lendemain La « malédiction » a encore frappé ce site, resté tel qu'il avait été aménagé, avant qu'une décision ne tombe pour annoncer la création, à la place de la zone franche, d'une zone industrielle à vocation régionale. Pour entériner cette décision, le conseil du gouvernement, tenu au mois de décembre 2004, a adopté un décret exécutif présenté par le ministre de l'Industrie abrogeant le décret 05 d'avril 1997 portant création de la zone franche de Bellara. Lors du même conseil, le gouvernement a décrété que celle-ci, déjà aménagée, sera érigée en zone industrielle d'intérêt régional. Cette décision a suffi pour relancer le débat autour de ladite zone, pour laquelle des projets d'investissements, demeurés en réalité au stade de vœux pieux, ont été annoncés. La venue d'un groupe Emirati, qui a souhaité y réaliser un complexe d'aluminium d'un coût global de 5 milliards de dollars, n'a pas changé la donne à cette réalité, puisque, une année plus tard, ce même groupe changera d'avis, avant de repartir pour ne plus jamais revenir. Le groupe égyptien El Ezz industries, et le géant mondial de l'acier, Arcelor Mittal, sont venus, il y a quelques temps, compléter la liste de ceux qui ont émis le vœu d'investir sur cette zone pour y construire des usines sidérurgiques. Cependant, depuis que ces projets ont été annoncés avec assurance par certaines sources, aucune suite n'y a été donnée. C'est le black out total qui semble entourer ces derniers, particulièrement celui d'El Ezz, lequel a témoigné plus d'intérêt, selon divers échos, à ce site tombé dans la déchéance et l'oubli, pour y construire une usine. La petite phrase de Ahmed Ouyahia, lancée devant les députés, jeudi dernier, pour évoquer la réalisation, sur le site, d'un complexe sidérurgique, demeure l'espoir de toute une région marquée par l'oubli et les fausses promesses. Pour l'histoire, l'immense terrain de Bellara semble maintenant avoir trouvé « sa vocation », étant donné que des riverains l'ont tout bonnement transformé, comble de l'incurie, en un lieu de pâturage pour leurs troupeaux. Les amateurs de sport viennent également y jouer au football ou pratiquer du footing. Quant au mur d'enceinte, il a été endommagé durant certaines de ces parties, et les barres de fer le garnissant ont purement et simplement disparu.