Le développement de zones franches a du mal à se concrétiser en Algérie ainsi que dans les autres pays africains. L'ordonnance présidentielle n° 03-02 du 19 juillet 2003 relative aux zones franches est pratiquement gelée depuis la décision, par le gouvernement en 2006, de supprimer la zone franche de Bellara. Cette décision a mis définitivement fin à tout projet de ce genre. Pas moins de 1 500 milliards de centimes ont été investis dans la création d'une zone franche à Bellara, dans la wilaya de Jijel, avant que ce projet tombe dans les oubliettes. Cependant, aussi bien chez nous que dans les autres pays africains, le développement des zones franches d'exportations ou celui des zones économiques spéciales est relativement lent comparé à ce qui ce passe en Asie et en Amérique latine. Les raisons de cette stagnation sont nombreuses. A commencer par une pénurie des ressources humaines qualifiées qui s'explique en partie par des niveaux de salaire bas. La problématique de la fuite des cerveaux qui frappe particulièrement l'Afrique accentue la donne. Aussi, les investisseurs dans les zones franches sont forcés de venir avec leurs propres cadres dans la phase de démarrage de leurs projets. Quant aux autorités chargées de la gestion des zones franches, elles devraient disposer de managers expérimentés, parlant plusieurs langues, des ingénieurs, des comptables, des spécialistes de la logistique et des ouvriers qualifiés. Les investisseurs potentiels en visite de repérage dans une nouvelle zone franche s'intéressent particulièrement à l'analyse des moindres signaux leur permettant de juger de la compétence et de l'efficience de l'équipe managériale. Dans son analyse sur les forces et les faiblesses des zones franches en Afrique, publiée au journal «Les Afriques», M. Peter F. Ryan, vice-président de Femoza (Fédération mondiale des zones franches basée) à Genève, a noté que pour encourager le développement des zones franches sur le continent africain, il faut que les P-DG des zones franches disposent d'une large autonomie. «Il est, en effet important pour un P-DG d'une zone franche de se référer directement au président pour les décisions majeures», indique, M. Peter Ryan. Il ajoute que «les investisseurs espèrent, dès la première rencontre avec le P-DG de la zone, obtenir des garanties sur les principales caractéristiques de leurs investissements : incitations à l'investissement, conditions de location d'espaces, salaire minimum, etc». De ce fait, l'attente de la rencontre avec les comités d'investissement doit être brève. En outre, M. Peter F. Ryan a parlé des problèmes que rencontre les zones franches en Afrique. D'après lui, aujourd'hui l'un des principaux problèmes rencontrés dans les zones franches africaines est l'absence d'une autorité centrale. «On dénombre ainsi une quarantaine de zones franches au Kenya et 17 au Nigeria». «La plupart sont juste constituées de quelques usines ou de mini-zones industrielles qui ont postulé pour le statut de zone franche afin d'échapper aux impôts». Les industriels individuels peuvent obtenir le statut de zone franche sous certaines conditions : exporter 100% des marchandises, respecter les conventions sociales (salaire minimum) et d'autres règles comme la limitation de la pollution. L'exemple le plus achevé est l'Irlande où quelque 950 compagnies opèrent sous le statut de zone franche avec une supervision des plus strictes quant à l'observance des règles locales et de la législation de l'Union européenne. Par ailleurs, le vice-président de Femoza estime que les gouvernements africains qui délivrent les licences doivent adopter des règles claires et transparentes. Permettre aux opérateurs nationaux qui exportent plus ou moins d'accéder à ces statuts de zones franches revient à autoriser l'évasion fiscale. Les autorités gérant ces zones franches ont besoin d'avoir des formations spéciales en management car elles sont appelées à négocier avec les investisseurs. La formation des officiers de douane aux règles des zones franches est aussi nécessaire. L'effort peut se révéler payant : selon la Banque mondiale, pour chaque emploi créé dans de telles zones, deux sont créés dehors.