Après les glissements de terrain, les caprices de Dame Nature sont devenus une éternelle source de hantise pour les habitants des vieux quartiers de la ville de Constantine. A la moindre averse, l'alerte est rapidement donnée pour des familles qui commencent à s'accommoder avec de nouvelles situations. Alors que le scénario de la nuit du 13 novembre 2004, veille de l'Aïd El Fitr, est toujours présent dans les mémoires, les rafales de vents et la forte pluviométrie ont choisi, ironie du sort, la fin de l'année 2004, comme pour annoncer un hiver aux relents catastrophiques. Ainsi, entre le 30 décembre 2004 et le premier jour de l'année en cours, le bilan des interventions des services de la Protection civile illustre l'ampleur des dégâts. Les vieux quartiers de la ville semblent être les plus touchés, on y a recensé en quelques mois une dizaine d'immeubles complètement effondrés. Ce phénomène qui prend des proportions inquiétantes chaque année avec l'arrivée de la saison des pluies ne semble pas inquiéter outre mesure les autorités de la ville, et ce, en dépit des innombrables rapports adressés par les services de la Protection civile à l'issue des sorties de reconnaissance effectuées dans les zones à risques. Ces dernières ne se limitent pas désormais à la vieille ville où les habitations ne sont plus en mesure de tenir debout, mais elles touchent même des quartiers censés être à l'abri. On apprend ainsi que des dizaines de familles sont concernées par les risques d'effondrement dans La Casbah, la rue du 20 Août 1956, principalement la rue Kitouni Abdelmalek et la rue des Maquisards. Dans ces deux derniers sites, des habitations ont atteint un niveau de dégradation avancé pour devenir de véritables bombes à retardement. Les locataires qui attendent depuis longtemps un éventuel relogement sont toujours sur le qui-vive. Au quartier de Belouizdad, dont la construction remonte au début du siècle, les apparences sont souvent trompeuses. Nombreuses sont les bâtisses qui présentent des façades ne reflétant guère la vérité. Une simple visite à l'intérieur des appartements renseigne sur le danger latent qui guette les résidents, notamment dans les rues situées sur le côté bas du boulevard Messaoud Boudjeriou. Les infiltrations des eaux de pluie à travers les toitures, les plafonds et les murs fissurés sont des paramètres qui finiront par ajouter d'autres familles aux listes des sinistrés. En l'absence d'un système de prévention et à défaut d'un plan d'évacuation des habitations menacées, les citoyens, qui semblent se résigner à leur sort, craignent les retombées d'une situation qui peut aboutir, un jour, vers une réelle catastrophe.