Les salles de spectacles sont bondées et les tickets mis en vente sont aussitôt raflés. Ainsi, plus de 3000 enfants par jour envahissent les lieux de représentation ouverts à Témouchent, Béni Saf et Hammam Bou Hadjar. L'écho du festival est tel que le président de l'UNIMA (Union internationale de la marionnette), a pris attache avec le commissaire du festival pour l'en féliciter, ce qui augure d'une bonne perspective d'avenir pour une coopération au profit du théâtre de marionnettes. Les choses avaient déjà commencé sous de bons augures dès le premier jour avec le retour du beau temps et l'ouverture officielle qui s'était affranchie des lourdeurs de l'habituel protocole empesé. Tout a ainsi été fait pour interpeller les autorités locales dans leur âme d'enfant que la « grossièreté du réel » et leurs responsabilités asphyxient. Carte blanche avait été en ce sens donnée à Aïssa Moulferaâ qui a réussi un plaisant spectacle monté sur la base d'un charmant prétexte. Par ailleurs, jusqu'à aujourd'hui, le festival a passé en revue une bonne moisson d'expériences diverses dans l'exercice du 4e art de la marionnette. Ainsi en est-il du « Petit Théâtre », une compagnie blidéenne, la seule du pays à être une microentreprise née d'un crédit bancaire décroché par le biais de la CNAC (Caisse nationale de chômage). Elle a utilisé dans son spectacle Nadhifa des marionnettes-objets alors que les personnages des autres spectacles sont des animaux, des plantes ou des humains. De même, la troupe « Amjad », venue de Chlef a, elle aussi, présenté un spectacle de sensibilisation sur la protection de l'environnement. Mais, contrairement au « Petit Théâtre », sans statut juridique pour cause de blocage inexpliqué depuis des années de sa demande d'agrément en tant qu'association, « Amjad » est étranglée par la question du financement, la création théâtrale, sa production et ses tournées coûtant fort cher. Cela n'est pas le cas de la troupe oranaise parrainée par le TR Oran et qui a ouvert la compétition avec Moussibat el himar, d'après la fable Les animaux malades de la peste de La Fontaine. D'aucuns ont d'ailleurs souhaité la même implication que le TRO par les théâtres publics au profit du théâtre de marionnettes. La troupe de Béni Saf, elle, a étalé toute une panoplie de techniques de la marionnette sur un castelet à deux scènes : la marionnette à fil, la marotte (marionnette à gaine), la marionnette à tiges (actionnée à distance par des tiges) et la marionnette du théâtre d'ombre. En hors compétition, une troupe a également attiré l'attention. Il s'agit de « Taje » de Tipaza, une association de théâtre amateur pratiqué par de jeunes enfants encadrés par des adultes. « Taje » monte des spectacles spécialement destinés au public des crèches. A cet égard, tout dans l'écriture dramatique et la mise en scène est minutieusement étudié en fonction du niveau de développement psychologique atteint par les enfants de moins de quatre ans. L'adaptation des deux contes puisés du patrimoine universel est de Bouchachi Lila et l'adaptation musicale est de Lalimi Irina, professeur de piano. C'est le seul spectacle du festival qui n'a pas été contaminé par le déplorable et abusif recours au play-back. Dans les travées, des enfants festivaliers photographient et filment leurs idoles, ces marionnettistes qu'ils voient enfin comme de vrais comédiens. En parallèle, les marionnettistes, à la fin des spectacles débattent dans une table ronde de l'état des lieux du théâtre de marionnettes. Les cris de détresse et les appels du pied aux pouvoirs publics ont fusé alors que de grands espoirs sont fondés sur le festival pour les sortir du ghetto.