Le RND, l'Organisation nationale des victimes du terrorisme (ONVT) et les Scouts musulmans algériens, invités avant-hier à la 2e session du conseil national de l'Organisation nationale des enfants de moudjahidine (ONEM) tenue à l'hôtel El Riadh à Alger, étaient unanimes à saluer l'idée de l'amnistie sans pouvoir pour autant lui donner une forme concrète. Mme Flici, présidente de l'ONVT, indique que son soutien pour la réconciliation nationale est dicté par le souci de son organisation de réhabiliter la paix. Toutefois, Mme Flici suggère de sauvegarder la mémoire des victimes. « Il faut que les criminels passent par la justice et demandent pardon », tient-elle à préciser. Pour Mme Flici, qui déclare compter 80 000 adhérents dans son association, la position de l'ONVT est simple : « Tourner la page, mais non la déchirer. » Pour Miloud Chorfi, porte-parole du RND, « toutes les mesures qui peuvent promouvoir la réconciliation nationale sont les bienvenues ». Ainsi, le RND soutient d'ores et déjà toutes les décisions que prendrait le président de la République pour mettre en œuvre le projet d'amnistie. « Le peuple a voté pour Bouteflika. Et si demain le peuple donne son OK pour l'amnistie, aucun parti ni association ne peut se placer au-dessus de la volonté du peuple », souligne Chorfi. Sur le même volet, il fait remarquer que la concrétisation du programme présidentiel, le développement économique national et local ainsi que le lancement du plan de relance économique sont tributaires des conditions de stabilité et de paix. « Nous avons soutenu le Président, car l'axe central de son programme est la réconciliation nationale », rappelle-t-il. Chorfi considère que l'amnistie n'est qu'un mécanisme pour aboutir au projet global de réconciliation nationale. De son côté, le commandant des Scouts musulmans, Ben Brahem, dira que toutes les mesures susceptibles de renforcer la réconciliation nationale sont louables. « Bienvenue à l'amnistie qui encourage la réconciliation nationale », dira-t-il. Selon Ben Brahem, l'amnistie n'est que l'étape primordiale de la réconciliation nationale. Tout en saluant cette finalité stratégique, le commandant des scouts souhaite ne pas s'aventurer dans les détails de l'amnistie et ses champs d'application. « D'ici à la fête de l'Aïd, le débat s'éclaircira », prévoit-il en ajoutant que les victimes doivent bénéficier de leurs droits. « Il y a une certaine prise de conscience qui s'illustre, par exemple, par la création d'une commission ad hoc pour la question des disparus », explique-t-il. Dans cette optique, Ben Brahem annonce qu'un programme de débat avec les citoyens sera lancé par les scouts à propos de l'amnistie. « Le dernier mot revient au citoyen », conclut-il. Se voulant être plutôt pratique, il révèle le projet de création d'un centre pour la prise en charge psychologique des victimes du terrorisme et des enfants marginalisés. Situé à Boumerdès, le projet Anis est financé par British Petrolum et sa réalisation confiée aux scouts. Quant au secrétaire général de l'ONEM, Khelfa Mebarek, il a affiché son soutien indéfectible au président Bouteflika qui a pu ramener la paix grâce à la concorde civile et à la réconciliation nationale. Un membre du conseil national de l'ONEM précise, quant à lui, que l'amnistie n'est qu'une loi pour servir le projet global de la réconciliation nationale. Le président de la République a, dans une lettre adressée aux participants à la session de l'ONEM, réitéré sa vision qu'il a prononcée lors du 10e congrès de l'ONM. « L'appartenance à la famille révolutionnaire de Novembre demeurera une valeur noble, dont nous sommes fiers, mais elle ne saurait constituer un privilège social, ni le singularisme d'une catégorie dans la société, ni un instrument attribuant à une catégorie une suprématie sur les lois de la nation », écrit Bouteflika aux enfants de moudjahidine en rappelant à juste titre que « la légitimité, toute la légitimité, revient au peuple tout entier ». Plus explicite encore, le président de la République souligne que « seul compte aujourd'hui ce que réalise chaque citoyen par sa compétence, son intégrité et son respect pour la culture nationale, dans le cadre de la Constitution et le caractère sacré du système républicain ». Après la lecture de cette lettre par le représentant du Président, Djamel Lemzair, le secrétaire général de l'ONEM, a déclaré qu'elle sera adoptée comme programme annuel de l'ONEM. Notons enfin la présence comme invités du secrétaire général de l'UGTA, Sidi-Saïd, du ministre des Moudjahidine, Cherif Ould Abbès et de Belaïd Abdesselam.