Après avoir bénéficié du silence de la tutelle, la direction du FNPOS semble être ces jours-ci dans l'œil du cyclone. La publication de la liste des bénéficiaires des 3100 logements d'Alger et le scandale dévoilé par la presse ont fini par accélérer les choses. L'IGF, la brigade anticorruption de la Présidence, et même une commission d'enquête ministérielle ont été dépêchées pour éplucher tous les dossiers et mettre à l'épreuve la procédure employée pour sélectionner les bénéficiaires. Des informations font état du fait que le directeur général, Athmane Sbaâ, aurait été dépourvu de son passeport en attendant les conclusions des enquêteurs. De leur côté, les salariés d'Alger postulant pour un logement FNPOS sont sur le point d'organiser une marche de protestation contre les abus de la direction et le blocage des projets qui brisent leur rêve de posséder un logement. A l'origine de cette situation explosive, des dérapages contrôlés accumulés depuis plusieurs années. Plus de 90 000 dossiers ont été reçus, en effet, suite au contrôle interne effectué par les services du fonds avant de procéder à un deuxième contrôle auprès de l'OPGI, l'AADL, la CNL et enfin la banque de données du ministère de l'Habitat, tout cela afin de s'assurer que le demandeur est salarié et qu'il n'a pas bénéficié de logement, ni d'aide par ailleurs. Le demandeur doit aussi ramener les négatifs des conservations foncières justifiant qu'il n'a pas bénéficié de lot de terrain. Toutes ces étapes n'ont pas été respectées et beaucoup de dossiers ont été introduits après la clôture de l'opération, soit en 2007. Or, la procédure a fait l'objet de trois séminaires avant d'être élaborée et approuvée et par le conseil d'administration et par le ministre. Pour la modifier, il est impératif de suivre la même procédure, ce qui n'a pas été le cas ici puisque le directeur général l'a changée par de simples instructions. Ces violations ont servi à introduire des indus bénéficiaires parmi les parents et les amis des membres de la direction et du conseil d'administration du FNPOS ainsi que le cabinet du ministre du Travail. Les listes, dont nous détenons une copie, regorgent de noms indus. Selon un cadre du fonds, le fils d'un membre du CA a été porté sur la liste affichée alors qu'il se trouve en prison pour trafic de drogue. Sur les 3100 logements annoncés, 252 ont été achetés et même là, une partie fait l'objet d'un litige judiciaire avec l'OPGI. Il faut savoir que le reste du quota est constitué de projets lancés ou pas encore, alors que tous les chantiers sur le territoire national sont gelés. Autant dire que l'action du FNPOS est un flop national grâce à la direction actuelle. C'est-à-dire qu'il n'y a aucune chance pour que ces projets soient ajoutés au projet présidentiel du « un million de logements » avant 2009. Pourquoi a-t-on attendu si longtemps avant de réagir ? Le FNPOS s'est trouvé à maintes reprises face à des scandales, révélant un trafic dans la passation de marchés, alors que le DG a fait l'objet de dénonciation de la part des directeurs centraux et régionaux licenciés abusivement (la justice a tranché en leur faveur, mais les décisions n'ont pas été appliquées) et des rapports adressés à la tutelle. Un ancien cadre du FNPOS s'indigne du fait que tant de dénonciations soient rendues publiques sans que la moindre commission d'enquête ne soit dépêchée. La liste des indus bénéficiaires et leurs parrains révèle maintenant la solidarité à haut niveau entre les membres d'un groupe activant sous le toit du ministère du Travail et bénéficiant, au moins, du silence de l'UGTA et des organisations patronales, au détriment des pauvres salariés.