Après trois ans d'attente, voilà que le Fonds de péréquation des œuvres sociales d'Alger daigne se réveiller de sa léthargie pour afficher la liste des bénéficiaires du programme d'attribution de plus de 3000 logements. Trois années d'attente qui ont été des plus amères pour les travailleurs sans logement qui espéraient voir le bout du tunnel et qui se trouvent spoliés de leur droit, au détriment d'indus bénéficiaires. En ce début de semaine, au siège de l'antenne régionale d'Alger, située dans la zone industrielle de Oued Smar, il y avait foule. L'entrée est noire de monde. Un véritable parcours du combattant est engagé pour atteindre la liste. Des plaintes fusent de toutes parts. La tension monte d'un cran. « Je ne comprends pas comment mon nom ne figure pas sur la liste, alors que je réponds à tous les critères. Je totalise plus de 20 ans de carrière professionnelle, j'ai cotisé durant toutes ces années pour me voir spolié de mon droit. Entre chaque bail de location, je me retrouve en train de déménager pour rejoindre le minuscule toit familial. Regardez la liste, des jeunes de 24 ans y figurent. Je suis dégoûté », s'insurge K. S. Ali. Et comme pour conforter ses dires, un quinquagénaire, n'ayant sûrement pas trouvé son nom, crie à l'injustice : « C'est de la hogra ! Une fille née en 1982 bénéficie d'un logement et pas moi ! » « Il ne faut pas se laisser faire, c'est notre argent, notre droit qu'on nous vole », hurle-t-il. Ce qu'il faut savoir, c'est que le FNPOS a établi un barème à points en fonction de l'ancienneté du travailleur salarié (plus de 20 ans de cotisations), du niveau de revenu (45 000 DA max.), des conditions de logement, de la situation familiale et bien sûr de ne pas avoir bénéficié d'un logement. Premier constat sur la liste des bénéficiaires, des personnes nées en… 1984. Par quel tour de passe-passe ont-elles été sélectionnées au détriment de cotisants totalisant plus de 20 ans de travail ? Pour rappel, la liste des présélectionnés érigée à l'époque du défunt Sadek Attia (ex-DG remercié) a été complètement remaniée après l'installation du nouveau DG, M. Sbaâ, une venue vivement contestée par les cadres de l'époque (voir El Watan du 1er août 2007). Selon des indiscrétions proches du Fonds, la nouvelle liste est constituée de cadres ayant déjà un logement ou de personnes travaillant soit à la présidence, soit au sein du FNPOS lui-même ou faisant partie de la commission. Aussi, au siège FNPOS de Garidi, l'interlocutrice — qui a requis l'anonymat — confirme le non-respect du barème à points : « Des personnes ayant totalisé 65 points ont été retenues alors que d'autres avec 80 ne l'ont pas été. » A la question de savoir pourquoi, elle affirme elle-même l'ignorer. « Vous savez comment ça se passe », répond-elle à voix basse avant de raccrocher. De son côté, contacté hier par téléphone, le directeur général du Fonds a refusé d'émettre un quelconque avis sur les bénéficiaires nés en 1984. « Je ne confirme rien du tout » sera la seule réponse avant qu'il ne mette fin à la communication. Par ailleurs, selon des sources concordantes, une équipe de l'Inspection de la gestion financière (IGF) se serait déplacée sur les lieux le 13 décembre et la liste aurait été gelée. Le rapport de l'IGF aura-t-il une incidence directe sur la liste établie sous la tutelle de M. Sbaâ et par voie de conséquence sur la gestion du FNPOS ? Depuis sa création, cet organisme a englouti des millions de dinars pour au final attribuer 3423 logements seulement aux salariés algérois.