Ce sont des jeux « véritablement exceptionnels » qu'a organisés Pékin, selon les termes choisis par Jacques Rogge, le président d'un Comité international olympique (CIO) qui a toujours assumé d'avoir choisi la Chine en dépit des critiques liées à ses entorses aux droits de l'homme. Au-delà de sa première place au tableau des médailles (51 titres), au-delà des exploits sportifs qui resteront la marque des JO-2008, la puissante Chine a montré, quinze jours durant, un remarquable sens de l'organisation, plébiscité par les premiers acteurs des Jeux, les athlètes. Cérémonie d'ouverture prodigieuse, infrastructures impeccables, ville fantôme mais respirable et fonctionnelle, transports réglés comme des horloges... Rien n'a manqué au strict cahier des charges olympique. Pékin, pourtant, n'a pas eu la tâche facile : quatre mois avant l'ouverture des Jeux dans le grandiose « Nid d'oiseau » devant les puissants du monde qui avaient accepté le risque politique de serrer la main des dirigeants chinois, était née une polémique qui ne s'apaisa qu'à la clôture des festivités. Concomitante avec le relais mondial de la torche olympique, au printemps, la rude répression au Tibet avait enflammé les mêmes esprits qui, sept ans plus tôt, s'étaient émus de l'attribution du plus grand événement sportif de la planète à l'une de ses dernières dictatures. Accroché au principe de neutralité politique, pilier de sa charte, le CIO refusait de s'engager, alors que la flamme faisait des étapes parfois chaotiques, comme à Paris en avril. Censure, interpellations, trucages... « Ce n'est pas au CIO de régler les problèmes du monde », soutenait Jacques Rogge. « Ni de s'immiscer dans les affaires intérieures de la Chine », reprenait-il quatre mois plus tard, alors que les JO s'ouvraient dans une atmosphère obscurcie cette fois par la censure partielle de l'accès à Internet, les interpellations viriles de journalistes occidentaux ou le musellement de toute velléité contestataire des Pékinois. Après les Jeux, « la Chine comprendra mieux le monde et le monde mieux la Chine », pronostiquait le président d'un CIO alors que les opposants craignaient qu'une fois la flamme éteinte et les étrangers partis, le régime ne montre les limites de sa tolérance.