S'il y a un projet qui a été globalement désapprouvé par la vox populi locale, c'est bien celui de la nouvelle route ou du nouveau pont, c'est selon, élevé près de la place des Martyrs (Bab Qcentina). Les Skikdis n'ont d'ailleurs pas tardé à lui donner un sobriquet, tel « zarzaïha » (descente ou toboggan). C'est pour dire que depuis sa mise en service, il y a juste quelques mois, la nouvelle infrastructure routière n'a cessé de faire jaser. « La circulation déjà assez cauchemardesque dans ce lieu s'est nettement dégradée ; il faut juste y faire un tour lors des heures de pointe pour constater l'anarchie qui règne autour du rond-point », commente un chauffeur de taxi. En effet, Skikda, la ville qui rêvait de trouver une solution à sa circulation routière, anarchique, désespère à présent de pouvoir un jour trouver une solution à ce problème. Le nouveau tronçon, érigé sous forme de pont (sic !), outre son aspect hideux, risque finalement de faire capoter toute projection future. Appelé « ouvrage d'art » (re-sic !), le « pont » devait initialement servir de double voie. Etrangement, on n'en gardera qu'une seule « artère suspendue », qui déverse une partie de la circulation des hauteurs Est de la ville vers le rond-point de Bab Qcentina, créant ainsi une situation des plus conflictuelles. C'est presque unique dans les annales des « bizarreries » locales. La place des Martyrs étouffait déjà assez après l'implantation d'un nouvel arrêt de bus pour l'Etus. Après cette cacophonie, voilà qu'on décide de doubler le nombre de véhicules passant par les lieux. C'est vraiment inconcevable ! On aurait dû plutôt penser à ériger des artères pour désengorger la place, non le contraire. Pour se faire une idée, rappelons qu'une ancienne étude commandée dans les années 1990 par l'APC de Skikda mentionnait déjà ceci : « La place des Martyrs constitue un agent obstructif à toute fluidité au vu de sa mauvaise configuration ». L'étude, qui recommande d'ailleurs de revoir toute la configuration, fait ressortir le goulot d'étranglement qui affecte la place. Selon cette même étude, le nombre de véhicules passant par le rond-point de Bab Qcentina en temps normal dépassait déjà les 3 000/h. Lors des heures de pointe, il lui arrivait d'avoisiner les 9 000 véhicules/h, alors que ni sa configuration, ni sa superficie ne la prédestinaient à un tel flux. C'était durant les années 1990 ! Aujourd'hui, avec l'accroissement du parc automobile local, (ayant pratiquement doublé pour ne pas dire… triplé), on vient encore rajouter le trafic des hauteurs de Bouabbaz et de Borj Hmam. Depuis que cette route est fonctionnelle, les services chargés de la circulation se sont retrouvés face à une situation si compliquée qu'elle ne peut être réglée par de simples agents de la circulation. On a même tenté de repositionner quelques plaques de signalisation pour réguler le flux provenant du Faubourg, mais cela n'a finalement fait qu'encombrer toute l'avenue Boukadoum et les Allées du 20 Août. En plus des carences d'ordre opérationnel, le projet enregistre d'autres défaillances esthétiques, à se demander si le bureau d'étude ayant réalisé la maquette disposait réellement des aptitudes requises, et s'il n'y avait pas eu un peu de « copinage politique ». Bref, pour se faire une petite idée, faisons remarquer que le tronçon ne dispose même pas de lampadaires pour l'éclairage public, la conception du projet n'ayant pas laissé d'espace à cet effet. A la voir de loin, la route suspendue de Bab Qcentina ressemble plutôt à un puzzle, qu'on a décidé de s'amuser à monter de toutes pièces. C'est un « jeu » grandeur nature qu'on a financé à coups de millions de dinars pour la simple raison que l'argent existe et qu'il faut le dépenser. Mais il est connu que l'argent ne sert à rien s'il manque l'essentiel : les idées !