Tous les ennuis de la circulation sont bien présents à Skikda : étroitesse des rues (sur les 27 du centre-ville, seules 2 ont une largeur supérieure à... 8 m et 23 de ces artères sont à sens unique), enchevêtrement des piétons et des véhicules, un impressionnant parc automobile, une seule artère principale, accaparement des trottoires et parfois de la chaussée par le commerce parallèle... Mais le plus contraignant de ces maux reste bien sûr l'état déplorable des chaussées. Ce mal cantonné auparavant au niveau de quelques cités et lotissements limitrophes s'est étendu depuis jusqu'au centre-ville. Aujourd'hui, même les artères principales de la ville (rue Didouche Mourad et avenue des Allées) sont touchées par le déclin. En les empruntant, on a le sentiment de « rouler » dans un village enclavé. Quant à l'état des chaussées au niveau des cités et des lotissements, il est tout simplement inqualifiable. Cette situation qui s'est aggravée lors des dernières intempéries ne fait qu'enflammer l'exaspération des citoyens qui ciblent la commune et la jugent carrément déficiente en matière de prise en charge d'un phénomène qui prend aujourd'hui des allures ahurissantes. Un jugement à la mesure de la décrépitude en fait, car jamais les routes de Skikda n'ont connu une aussi grave détérioration. Pourtant l'argent existe. Beaucoup d'argent même, puisque en 2003 l'APC a consenti 46 millions de dinars qui n'ont pas été consommés avant de rajouter en 2004 une enveloppe de 200 millions de dinars. Un cumul de près de 250 millions de dinars toujours en caisse alors que les routes... s'en vont. Pourquoi ? L'APC justifie ce retard par « le désengagement de la société algérienne des travaux routiers (Altro) » alors que l'entreprise expose « des arguments d'économie et de rentabilité ». Chaque partie défend ses positions et le dilemme est porté aujourd'hui devant la justice. Mais il serait tout de même nécessaire de placer les choses dans leur contexte. Les routes concernées par le conflit opposant Altro à l'APC représentent pour la plupart, de grands aménagements. On peut citer juste pour l'exemple : la route principale de Sidi Ahmed, la briqueterie Ouest, l'entrée des cités universitaires, la route de la mosquée des Allées, la place des Martyrs. Il y en a d'autres bien sûr et leur aménagement serait certainement très bien accueilli par une population excédée et donnerait à Skikda une image plus citadine. Aujourd'hui et même si on consent que le conflit APC- Altro a assez retardé les choses, il ne faut pas aussi le présenter comme une excuse valable pour l'ensemble des routes de la ville. Car la commune donne l'impression de se plaire dans une situation qui a trop duré. A chaque évocation de l'état des routes, l'APC rétorque illico : « Nous avons un grand problème avec Altro. » C'est là un réflexe qui ne peut désormais plus servir de « paravent » dont on a trop usé pour justifier une situation des plus déplorables. Car si on admet que pour aménager la route de Bab Qcentina, à titre d'exemple, il faudrait engager de grands travaux, on ne peut pas admettre que pour colmater les ruelles crevassées, il faudrait enclencher des procédures extraordinaires. A moins de chercher à fuir ses responsabilités. Devrait-on encore attendre de réaliser des études, de faire des appels d'offres et d'allouer un marché pour « boucher » les trous qui gênent considérablement la circulation des Allées, de la route de l'hôpital, des ruelles de la vieille ville ? La gangrène est désormais partout et les nids-de-poule qui pullulaient déjà en 2003 ont eu largement le temps depuis de se transformer en... cratères. Pourtant en septembre dernier, des responsables de la commune affirmaient que des travaux d'urgence allaient êtres engagés pour réfectionner les lacunes en déclarant : « Nous sommes tributaires des matériaux (bitume) fournis par la société des travaux de wilaya de Skikda (Sotski). Mais pour réfectionner les nids-de-poule nous avons pris la décision de nous rabattre sur une entreprise domiciliée à El Eulma dans la wilaya de Sétif. » Mais, depuis, les nids-de-poule ne font que se multiplier à un rythme qui ne tardera pas à transformer les routes de Skikda en un immense... gruyère.