Peter Ford. Représentant de l'UNRWA à Amman (Jordanie) : « Une grande hypocrisie » Comment s'organise votre aide aux habitants de la bande de Ghaza ? L'accès à Ghaza de notre aide humanitaire n'est pas interdit à 100%. Ces trois derniers jours, nous avons pu faire parvenir des quantités non négligeables de produits alimentaires et autres aides. Mais avec les combats sur place, il est très difficile d'entrer à Ghaza surtout que la situation évolue d'heure en heure. Cela rend difficile l'organisation des acheminements. Dans nos contacts approfondis avec le côté israélien et le côté égyptien, nous invitons tout le monde à signer un cessez-le-feu. J'ai été hier (dimanche) au Caire pour persuader les autorités égyptiennes de faire preuve de plus de souplesse, mais leur position reste très ferme : Rafah ne servira, selon eux, qu'à acheminer des médicaments et évacuer des blessés. Est-ce la pire situation que vous ayez connue ? Avant même les bombardements, la situation était déjà ce qu'on pouvait qualifier de pire. Nous étions alors complètement interdits d'accès à Ghaza. Maintenant, il semble que les Israéliens veulent donner une apparence de préoccupation humanitaire et ils ouvrent ainsi plus les portes qu'avant les bombardements. Une manière pour eux de dire qu'ils sont conscients de leur responsabilité. C'est une grande hypocrisie. Quels sont les besoins les plus urgents ? Les besoins sont énormes et on ne sait plus par quoi commencer. Nous avons lancé des appels pour avoir des dons afin d'acheter des vivres, du fioul, des générateurs, des couvertures, etc. Beaucoup de réfugiés qui ont fui les bombardements dorment dans nos écoles et nous avons terriblement besoin de ces fonds. Ian Bray. Chargé des relations presse Oxfam à Londres : « A cours de nourriture et de carburant » Est-ce parce que vous ne pouvez pas accéder à Ghaza que vous avez suspendu votre programme d'aide ? Non, nous avons du personnel dans la ville de Ghaza et dans quelques endroits autour. Mais il est très difficile de travailler, d'organiser la distribution dans l'environnement actuel. Nous avons donc suspendu notre programme dont dépendent au moins 65 000 personnes. Nos travailleurs humanitaires à Gaza sont assiégés. Notre représentant à Jérusalem dit que la situation humanitaire est encore plus grave qu'elle ne l'était en 1967 pendant la guerre des Six Jours. Mais on imagine que l'organisation a rencontré des situations similaires ailleurs dans le monde ? Il est très difficile de faire des comparaisons, même avec l'Afrique. Il y a aujourd'hui peu de crises humanitaires auxquelles on ne trouve pas de solution et peu de sites où les ONG ne peuvent pas accéder. Pour l'instant, quelles sont vos priorités ? Nous demandons l'arrêt immédiat des bombardements. Un cessez-le-feu est urgent. Les civils ont besoin d'être protégés. La population est à cours de nourriture, de carburants et de gaz. Les systèmes d'alimentation en eau et d'assainissement ne sont pas complètement effondrés mais les hôpitaux de Ghaza n'ont plus d'électricité et sont dépendants des générateurs qui, eux, ne sont pas faits pour fonctionner en continu pendant 24 heures. Nous avons aussi besoin de fuel pour faire fonctionner les pompes qui distribuent de l'eau et, là encore, nous craignons une rupture des stocks. Adlène Meddi, Mélanie Matarese