«Rien ne peut vous préparer à l´horreur que l´on voit là-bas. Le degré de racisme et la brutalité sont pires que ce que nous avons enduré pendant la plus sombre période de l´apartheid. Le régime de l´apartheid considérait les Noirs comme inférieurs; je ne pense pas que les Israéliens considèrent les Palestiniens comme des êtres humains.» Mondli Makhanya, rédacteur en chef du Sunday Times de Johannesburg, La situation géographique de Ghaza, entre Egypte et Asie, en fait dès l´Antiquité un pôle stratégique majeur et un carrefour économique. De fait, la ville fut à maintes reprises convoitée et assiégée. La ville de Ghaza a vraisemblablement été fondée entre 1500 av. J.-C. et 1400 av. J.-C.. La première référence historique à la ville de Ghaza remonte au règne de Thoutmôsis III: Ghaza est alors le point de départ des expéditions du Pharaon pour s´assurer le contrôle de la Palestine; plusieurs peuples l´occupèrent, les Assyriens, les Perses de Cirus, les Romains les Byzantins et les Musulmans vers 637. Pour la période récente, le martyre de Ghaza a un nom: Tsahal dont l´impunité malgré les derniers massacres nous laisse un goût amer sur la conception occidentale de la justice. Un chef d´Etat Saddam Hussein a été pendu, un autre est poursuivi par le TPN: Omar el Bachir. Les ONG qui avaient crié à l´horreur et au massacre. Les hauts gradés qui ont participé à l´offensive israélienne dans la bande de Ghaza devraient bénéficier de l´immunité, a décidé Ehud Olmert. Amnesty International a estimé que l´usage "illégal, sans discernement et répété" de munitions au phosphore blanc dans des zones densément peuplées de Ghaza, constituait un " crime de guerre ". Légalement, des poursuites contre Tsahal semblent difficiles à mettre en place, la Cour pénale internationale (CPI) n´étant pas compétente pour la bande de Ghaza, qui n´est pas un Etat constitué. L´organisation plaide pour la fin de l´impunité.Notre interlocutrice évoque l´enquête diligentée par le secrétaire général des Nations unies, Ban Ki-moon, qui ne concerne que les bombardements des installations onusiennes par l´armée israélienne. " Est-ce à dire que la population de Ghaza n´a pas droit à la justice et à la vérité?", s´interroge-t-elle(1) 45 jours après on ne parle plus des massacres, aucune remontrance à Israël qui, souvenons-nous est habitué à démolir les installations de Ghaza. A l´époque, l´Europe avait protesté contre la destruction de l´aéroport en vain. Depuis, Ghaza subit un blocus sans nom et un massacre à grande échelle devant l´indifférence des pays occidentaux tétanisés par Israël -qui défend " son droit à la survie " contre les pétards du Hamas,- et les potentats arabes qui, avec leur politique de reddition, pensent s´en tirer à bon compte en promettant une aide de plus de deux milliards de dollars, jusqu´au prochain bombardement de Ghaza qui fera d´elle un bac de sable. Judaïsation d'El Qods Petit flash-back sur l´énigmatique longueur de l´opération de massacre "Plomb durci". L´opération israélienne baptisée "Plomb durci" ciblant Ghaza a suscité de nombreuses interrogations. Aovan Ezéchiel, secrétaire du gouvernement israélien, quelques jours après l´agression, a dit que cette opération aurait pu durer longtemps. La position des Etats-Unis, alliés stratégiques d´Israël, a soutenu la volonté de Tel-Aviv, et ce, en empêchant la promulgation par le Conseil de sécurité d´une résolution stipulant un cessez-le-feu immédiat, début janvier 2009. (...) Tel-Aviv voulait diriger les regards de l´opinion publique internationale vers Ghaza tout au long des trois semaines afin d´achever entre-temps son plan de judaïsation de Jérusalem d´une part, et terroriser les habitants arabes de la ville sainte de l'autre. Avant le déclenchement de l´opération "Plomb durci" sur Ghaza le 27 décembre 2008, le plan d´une judaïsation totale de Jérusalem a été lancé à partir de la confiscation d´un plus grand nombre de terres, la construction de colonies, l´expulsion des Palestiniens de la ville sainte en les remplaçant par les colons juifs tout en prenant soin d´effacer tous les aspects et les traces historiques arabo-musulmans qui caractérisaient la ville sainte. (...) D´ailleurs, ce n´est pas un secret que le mur raciste comprend des régions importantes se situant à l´est de Jérusalem et qu´il avale plus de 85% de ses territoires. L´Organisation islamo-chrétienne pour le secours de Jérusalem et des lieux sacrés a lancé une mise en garde indiquant que la ville était exposée à une phase dangereuse et critique de colonisation et de judaïsation qui est probablement la pire de son histoire depuis l´occupation (...) L´organisme a ajouté, dans un communiqué, que les dernières déclarations de Tzipi Livni, dirigeante du parti Kadima, sur l´expulsion des Palestiniens de 1948 et ceux de Jérusalem vers les régions de l´Autorité palestinienne, démontrent qu´elle et les supporters du parti soutiennent avec force l´idée du Grand Israël. (...) il est plus que jamais évident que les actes perpétrés par les colons à Hébron et dans le reste de la Cisjordanie au cours des dernières semaines sont d´un mauvais augure, car ils constitueront les auteurs des événements et des crimes qui marqueront la prochaine étape. Il est question, vraisemblablement, de se débarrasser du plus grand nombre de citoyens originaires de Jérusalem et de changer l´aspect de la ville arabe en les remplaçant par des immeubles et des symboles juifs rénovés partout, surtout dans la vieille ville. Le phénomène d´épuration ethnique prend de plus en plus d´ampleur à Jérusalem. Parallèlement à la construction du mur de séparation raciste, Israël tend à réduire le nombre de citoyens arabes au sein de Jérusalem à 40% contre 60% de colons juifs".(2) Voilà qui est limpide, il y avait un plan de judaïsation de Jérusalem qui se poursuit. Israël poursuit aussi la construction de colonies, d´une infrastructure routière, de barrages et d´un mur d´apartheid, mur déclaré illégal par la Cour Internationale de justice. Israël dénie à des millions de Palestiniens réfugiés leur droit internationalement reconnu de retourner dans leur pays, détruit les maisons des Palestiniens, tue des enfants palestiniens en toute impunité et déracine des centaines de milliers d´arbres palestiniens. Rien n´a changé depuis 45 jours si ce n´est les 1300 morts et 5000 blessés et les dizaines de milliers de traumatisés à vie. Ghaza est toujours une prison à ciel ouvert. La grande majorité de la population (près de 80%) vit exclusivement de l´aide humanitaire, une situation antérieure à la guerre et qui s´est maintenue depuis l´opération israélienne. Une infime quantité d´aide parvient dans la bande de Ghaza. Elle émane des agences onusiennes, de l´Unrwa et de quelques ONG, mais l´armée israélienne, qui contrôle les frontières, est très stricte depuis l´arrivée du Hamas au pouvoir. Avant mai 2007, entre 400 et 500 camions passaient chaque jour la frontière pour satisfaire les besoins de première nécessité. Depuis, entre 400 et 500 camions passent...chaque mois, pour des besoins décuplés. "La majorité de la population ghazaouite a moins de 18 ans, et la croissance démographique est très élevée. Les besoins en aide grandissent chaque jour, mais les apports extérieurs diminuent à mesure", explique Donatella Rovera, chercheuse à Amnesty International. Les conditions sanitaires sont critiques. Le traitement des eaux usées étant inexistant, l´eau insalubre s´écoule directement dans la mer. Le système d´égout est devenu inutilisable depuis les bombardements, les zones agricoles alentour ont été contaminées et cela pose un problème de santé publique. "Les dommages dus aux bombardements sont considérables: à Ghaza, il n´y a pas de vitres aux fenêtres des rares maisons qui sont restées debout. Elles ont toutes volé en éclats dans la violence des explosions", décrit Donatella Rovera. Les installations et les infrastructures ont été détruites dans les bombardements. Pour une reprise de l´économie, il faudra donc avant tout reconstruire. "Le problème économique-clé, selon Donatella Rovera, c´est avant tout les points de passage, fermés. Israël fait pression au niveau des échanges bancaires et empêche cet argent d´être correctement réinjecté dans l´économie." Il n´existe pas de banque centrale palestinienne, pas non plus de monnaie dédiée. C´est Israël qui a la gestion de ce système. Pour Amnesty International, le point majeur sur lequel il faudra statuer concerne la réouverture des points de passage, préalable indispensable à l´acheminement correct de l´aide. Ainsi, les politiques économiques et sécuritaires sont totalement imbriquées.(3) Même l´aide humanitaire ne passe pas. Les autorités israéliennes ont bouté hors des eaux territoriales de Ghaza un navire chargé de tonnes d´aide humanitaire en provenance du Liban. Intercepté mercredi soir alors qu´il tentait de pénétrer les eaux de Ghaza, "le bateau de la fraternité" a d´abord fait mine de changer de cap, avant de rebrousser chemin et de se diriger de nouveau vers la même zone. La France a indiqué regretter "les incidents". La frégate française située au large de Ghaza contribue à la lutte contre les trafic d´armes. (...) On l´aura compris, la frégate française surveille le Hamas mais pas les actes de piraterie d´Israël dénoncés par la Syrie qui, n´ayant plus les moyens de sa politique, se contente d´appeler à la condamnation d´Israël Pour se faire une idée du traumatisme effroyable subi par les enfants et les adultes de Ghaza, tentons une petite comparaison avec l´explosion qui a eu lieu à Toulouse le 21 septembre 2003. Voilà ce qui est écrit dans la revue Futura Sciences du 3 mars: "Alors que se poursuit le procès visant à déterminer les responsabilités dans l´explosion de l´usine AZF de Toulouse, l´Institut de veille sanitaire (INVS) explore encore, sept ans après le drame, ses conséquences sanitaires. Troubles auditifs, syndrome de stress post-traumatique (SPT) et épisodes de dépression: les handicaps s´installent. Toutes les études conduites font état d´une forte prévalence des troubles de l´audition parmi la population toulousaine. Fin 2005, 33% des hommes et 27% des femmes souffraient toujours d´acouphènes. " Plusieurs indicateurs témoignent d´une grande souffrance psychologique dans la population plusieurs mois après l´explosion ", rappelaient en octobre 2006 les auteurs du rapport final sur les conséquences sanitaires de la catastrophe. " Un tiers des personnes qui se trouvaient à moins de 1,7 km de l´usine a notamment déclaré avoir pris un traitement antipsychotique à la suite de l´explosion. " On l´aura compris. Le procès contre Total se poursuit et les indemnités individuelles seront plus que conséquentes. Les Ghazaouis vivants n´auront que les yeux pour pleurer et devront vivre avec leur cauchemar jusqu´au prochain bombardement. Au contraire et plus que jamais, on fait dans la diversion. On veut reconstruire Ghaza alors que le problème politique est entier. De plus, le gouvernement d´Israël qui va être en place sera plus que jamais opposé aux Palestiniens. Comme l´écrit si bien le journaliste René Naba: "Le triomphe des ultra-faucons israéliens aux élections législatives du 10 février 2009, qui devrait être couronné par la formation d´un gouvernement Netanyahu-Liberman, le tandem le plus à droite de l´histoire israélienne, marque le terme ultime du processus de glaciation idéologique du sionisme fondateur d´Israël, une radicalisation qui plonge le camp occidental dans une redoutable épreuve de vérité, en le plaçant à l´épreuve de ses propres principes. Par un singulier retournement de conjonctures, les deux principaux protagonistes du conflit israélo-palestinien se retrouvent, par une cruelle ironie de l´histoire, dans une situation de parfaite similitude: le Likoud et le Hamas, tous deux démocratiquement élus, se refusent tous les deux à admettre l´existence officielle de l´autre, l´honorable israélien d´une manière équivoque, le paria palestinien d´une manière non équivoque. Benyamin Netanyahu, le destructeur des accords israélo- palestiniens d´Oslo (1993), préside en effet un parti dont la charte n´admet nullement l´existence d´un Etat palestinien, pas plus que les engagements internationaux d´Israël, vidés de leur substance durant son passage au pouvoir (1996)".(4) Le Hamas hors jeu 5 milliards de dollars d´aide aux Palestiniens au prix de concessions nationales. Le chiffre est certes énorme, surtout dans un contexte de crise économique internationale. Ce sont 4 milliards et 481 millions de dollars précisément qui ont été en théorie accordés aux Palestiniens, pour les deux années prochaines. Mise à part l´Arabie Saoudite, qui s´est engagée à donner à elle seule la somme d´un milliard de dollars, les Américains figurent en tête des donateurs, avec 900 millions. Ils sont suivis par la Commission européenne qui s´est engagée à débloquer une aide de 554 millions de dollars, au titre de 2009. Quant aux monarchies du Golfe, elles devraient donner 650 millions de dollars sur cinq ans aux Palestiniens. L´Algérie contribue à hauteur de 200 millions de dollars. Une économie étranglée par un blocus sévère, imposé aussi par Israël (avec l´assistance de l´Egypte) à la Bande de Ghaza; ou étouffée par une politique de colonisation israélienne de la Cisjordanie, où les meilleures terres sont confisquées, et où des restrictions draconiennes sont imposées sur le reste, dont entre autres par le biais de plusieurs centaines de barrages. A contrario, le Hamas n´est pas concerné par cette générosité. D´ailleurs, ses représentants n´ont pas été conviés à la réunion égyptienne. Pourtant, ce mouvement de résistance avait remporté les dernières élections législatives en 2005. Les pays occidentaux avec, en tête, la nouvelle administration américaine n´ont pas tiré les leçons des derniers massacres perpétrés par Israël. Le tonneau des Danaïdes de l´aide n´est pas près de se remplir. Ce seront des entreprises occidentales, voire palestiniennes et israéliennes...qui vont reconstruire Ghaza jusqu´au prochain bombardement. Les Ghazouis continueront à vivre l´enfer du blocus qui semble s´être installé dans la durée. Nous laissons à Abdelkrim Djaâd le mot de la fin résumant la réalité: «Dans ces conférences people, où il y a tout de même du grain à moudre et de la mondanité à bon marché, le caractère de ce qui a forgé le combat palestinien s´est fortement émoussé. Finie l´intransigeance dans les négociations, finie la détermination d´un peuple à récupérer toute sa terre. Les dignitaires de Ramallah s´inventant des paix, échafaudant des stratagèmes avec leurs mentors américains pour quelque mirifique Etat-confetti, voyagent, discourent et s´enrichissent alors que le sort de leur peuple est des plus tragiques.» (*) Ecole nationale polytechnique 1.Lauranne Provenzano, Tsahal à l´abri de la justice? Libération 26/01/2009 2Ahmad Y.Al-Qoreï, Entre la destruction de Ghaza et la judaïsation de Jérusalem http://hebdo.ahram.org.eg/arab/ahram/2009/2/4/opin4.htm 3.Lauranne Provenzano, Libération.Comment venir en aide à Ghaza? 02/03/2009 4.René Naba: Le triomphe des ultra faucons israéliens, terme ultime de la glaciation idéologique du sionisme http://renenaba.blog.fr 03/03/2009