La décision d'interdire l'importation des médicaments fabriqués localement semble renforcer le groupe Saidal dans sa nouvelle stratégie de développement. Sur l'ensemble de la liste des médicaments interdits (394), 180 sont fabriqués par le groupe Saidal. Une gamme diversifiée qui touche toutes les classes thérapeutiques. Le groupe a pu enregistrer au niveau du ministère de la Santé, de la Population et de la Réforme hospitalière durant l'année 2008 plus d'une trentaine de produits et prévoit aussi une centaine pour l'année 2009. Des chiffres qui sont de bon augure pour une entreprise qui a pu réaliser un chiffre d'affaires de 10 milliards de dinars, soit une évolution de 23% par rapport à l'année 2007. C'est ce que le directeur général du groupe, Rachid Zaouani, annonce avec fierté. En plus de l'enregistrement, d'autres mesures encourageantes ont aussi été décidées au profit de ce groupe qui détient près de 30% des parts de marché, notamment dans le remboursement des produits. 96 médicaments de Saidal sont concernés par le tarif de référence appliqué depuis le mois d'octobre 2008 à une liste de produits dont des princeps. En deux années, le groupe Saidal a produit 100 nouveaux médicaments. « Nous avons actuellement 35 dossiers en attente de signature au niveau de la direction de la pharmacie. Ce qui va enrichir encore notre gamme. Ces produits sont importants, notamment dans le traitement des maladies chroniques, telles les maladies cardiovasculaires. Nous avons plus de trois produits connus sur le marché national qui seront à des prix concurrentiels moins chers que les prix des médicaments importés », nous a confié M. Zaouani, en faisant référence au Plavix et Aprovel qui seront désormais commercialisés sous forme générique. Satisfaire la demande nationale est possible, estime le directeur général de Saidal. « Avec cette interdiction, nous pouvons assurer une couverture d'au moins 60% du marché national », a déclaré M. Zaouani, en précisant que « ceci peut réduire la facture à l'importation de près de 50%. Les produits de Saidal représentent, sur le marché, 600 millions de dollars à l'importation ; avec cette interdiction, ce chiffre peut atteindre d'ici à l'année prochaine 300 millions de dollars ». La production au niveau du groupe, précise notre interlocuteur, est évaluée à 34% pour l'année 2008, ce qui « nous permet de prévoir une évolution de 50% en vente pour cette année ». Pour lui, la décision du gouvernement vient à point nommé. « C'est l'unique moyen pour développer l'industrie pharmaceutique algérienne. Nous avons trop attendu. Le fait d'encourager la production nationale nous permettra d'être au diapason avec nos voisins du Maghreb. » Il estime qu'il faut saisir cette opportunité afin de « pouvoir arriver d'ici deux à trois années à relever le défi de réduire la facture de l'importation, ce qui est un des objectifs principaux du gouvernement ». Car, « je ne pense pas, pense-t-il, que la Sécurité sociale pourrait rembourser à l'avenir une facture évaluée à 15 milliards de dollars… » La protection de la production nationale passe, d'après M. Zaouani, par la facilitation de l'enregistrement, la création d'une dizaine de laboratoires de bioéquivalence, le remboursement du médicament aux prix pratiqués par le producteur et non pas ceux des importateurs. Pour le moment, il est du ressort de l'autorité sanitaire publique d'assurer le contrôle et de suivre le processus engagé avec les producteurs nationaux. L'exigence qui leur est faite, à savoir établir un stock, doit être suivie et contrôlée par cette autorité. Il considère qu'il est important de déterminer un stock minimum pour chaque produit sur le marché pour faire face à une éventuelle baisse des quantités de ce produit. Comme il est recommandé d'instaurer un numerus clausus pour la production et l'enregistrement des médicaments afin d'éviter une concurrence déloyale. Pour M. Zaouani, il est aussi important de faire une étude de marché en établissant des statistiques concernant la consommation. « Elle est variable ; il est donc nécessaire de connaître ses capacités de production et de consommation. L'émergence de centaines de maladies chroniques et le vieillissement de la population constituent aussi les facteurs favorisant la progression du marché. » M. Zaouani ne manquera pas de signaler que son groupe a toutes les capacités humaines et technologiques pour réaliser les objectifs assignés par le gouvernement. Est-ce que ces objectifs sont réalisables à court terme ? Le directeur général de Saidal répond par l'affirmative et signale que son entreprise a déjà réceptionné les intrants pour lancer la production pour le premier trimestre 2009 et mettre en place un stock afin d'éviter d'éventuelles tensions. Concernant la lancinante question de l'insuline, M. Zaouani avoue qu'après de sérieuses difficultés sur le marché, le produit a aujourd'hui la cote. « Entre 2006 et 2008, Saidal n'a pas pu vendre plus de 200 000 boîtes, alors qu'entre juin et décembre 2008, nous avons pu commercialiser un million et demi de flacons de 5 ml et 300 000 de 10 ml. En six mois, nous avons pu mettre sur le marché 2 millions de flacons de 5 ml et nous envisageons de mettre 4 millions de flacons pour l'année 2009, dont 97% sont destinés aux officines », a-t-il indiqué, tout en précisant que le don offert pendant le mois de Ramadhan a concerné 3000 malades non assurés sociaux.