Après 16 ans d'attente, Benyoucef Mellouk, l'homme par lequel l'affaire des « magistrats faussaires » a éclaté, s'est vu enfin délivrer un passeport. « J'ai été privé de passeport depuis 1992 », dit-il en brandissant son document de voyage qui lui a été délivré le 5 janvier. « Le 23 décembre, je me suis présenté à l'Inspection générale des polices, à Blida, pour déposer plainte suite à cette interdiction de passeport tout à fait illégale qui m'est infligée », affirme l'ancien chef de service des affaires sociales et du contentieux au ministère de la Justice qui tient, au passage, à remercier la presse pour son soutien. « J'ai déposé plainte contre le service des passeports de la police qui m'a privé de passeport pour un mandat d'amener dont je faisais l'objet dans l'affaire qui m'opposait aux anciens ministres Mohamed Djeghaba (Moudjahidine) et Mohamed-Salah Mohamedi (Intérieur) », explique Benyoucef Mellouk, avant d'ajouter : « Depuis 1992, je suis victime d'une cabale montée contre moi par le régime qui est éclaboussé par cette affaire. Je ne suis ni un terroriste, ni un repris de justice, ni impliqué dans une affaire de corruption. C'est une affaire politique. J'ai touché à de gros intérêts. » M. Mellouk précise qu'au moment où il déposa plainte, il fut longuement entendu par la police au sujet de l'affaire des magistrats faussaires. « Ils ont pris mes dépositions concernant tous les détails de l'affaire », affirme-t-il. « J'espère qu'après avoir recouvré mon passeport, ce dossier qui est toujours pendant au niveau de la justice sera ouvert dans le sens de la vérité. » Même s'il se réjouit de cette mesure, M. Mellouk n'entend pas obtempérer : « Ce n'est pas parce qu'ils m'ont rendu mon passeport que je vais me taire. Je n'ai nullement l'intention de quitter le pays pour aller dénoncer le régime algérien depuis les tribunes étrangères et les studios d'Al Jazeera. J'entends rester dans mon pays et poursuivre mon combat jusqu'à ce que la lumière soit faite sur cette affaire. »