En dépit de la pluie, plusieurs régions de la wilaya de Tizi Ouzou ont célébré Yennayer, journée ouvrable du calendrier berbère. Au chef-lieu de wilaya, des activités culturelles ont marqué l'événement, histoire de ressusciter cette tradition ancestrale des Amazigh. A l'occasion, un salon du couscous a été organisé à la maison de la culture Mouloud Mammeri de Tizi Ouzou. C'est la maison El Gherbal de Boghni qui a mis en place une exposition de toutes sortes de couscous kabyle dans le hall de l'établissement. D'ailleurs, hier, en milieu de journée, le public a été convié, comme chaque année, à un repas traditionnel. Des conférences- débats étaient également de la partie, à l'image de celle portant sur la place du couscous dans l'art culinaire universel. Yennayer, quelle signification ? Le salon a été clôturé par un gala artistique animé par une pléiade de jeunes artistes de la région. L'Assemblée populaire de wilaya n'a pas été en marge des festivités de Yennayer. Une rencontre a eu lieu au niveau de l'hémicycle Rabah Aïssat et a regroupé les élus, le wali et les membres de l'exécutif de wilaya. « Nous sommes aujourd'hui, réunis ici, pour fêter ensemble Yennayer, une date symbolique. C'est un rituel pour le peuple amazigh et algérien qui doit se reconnaître dans l'histoire », a déclaré Mohamed Ikherbane, président de l'APW, lors de son allocution d'ouverture. Par ailleurs, au niveau de l'université de Tizi Ouzou, la communauté estudiantine a concocté un programme d'activités pour marquer l'événement. Et pour ce faire, des communications ont été données par des enseignants à l'auditorium du campus de Hasnaoua. Ces conférences ont porté, notamment, sur l'origine et l'historique du calendrier berbère. Même en dehors de la ville des Genêts, des associations n'ont pas manqué d'être au rendez-vous de Yennayer. Outre le village Adrar Nath Koudaâ, dans la région des Aghribs, en fête à l'occasion du nouvel an amazigh, les habitants de Berbère, dans la commune de Timizart ont festoyé le début du nouveau calendrier berbère. Les festivités ont été parrainées par l'association culturelle Timlilin N'Barbare (ACTB) et le comité du même village, avec la collaboration des habitants. A ces derniers a été confiée la cuisson et la préparation du repas traditionnel (couscous et poulet). Chacun a contribué, selon ses dispositions, à revivifier une des fêtes longtemps oubliée. Des expositions de tableaux de peinture et des livres ont été mis en place au sein du siège de l'association culturelle. Aussi, les organisateurs ont invité Abdenour Abdeslam, auteur en langue amazighe, qui a tenu une conférence-débat sur Yennayer. D'emblée, le conférencier a souligné que « Yennayer est un élément identificateur qui renseigne sur le mode social d'un peuple. Yennayer est une tradition berbère qui entre dans le cadre de la datation du temps. En cela, il est un événement qui annonce la fin du siècle froid et le début du siècle tempéré ». « Cette datation, ajoute-t-il, nous est parvenue depuis des siècles comme le résultat d'une observation du cycle alternatif du soleil et de la lune. Cette observation expérimentée n'est pas contredite par la science du domaine cosmique. » Ce qui prouve, selon lui, que l'on peut créer à partir des traditions. La célébration de Yennayer, estime-t-il, est un acte nord-africain qui dépasse le bloc nord-africain. « La célébration du nouvel an berbère est un acte nord-africain, qui transcende la société nord-africaine par-delà les religions et la mythologie. Voilà une autre preuve qui marque une unité sociohistorique de la région », argue-t-il. Par ailleurs, le message que Abdenour Abdeslam veut transmettre aux jeunes, « c'est qu'il faut constamment avoir les pieds dans la tradition et la tête dans la modernité ». A la fin de la cérémonie, tout le monde s'est réuni autour d'un couscous dans une atmosphère bon enfant.