Yennayer a été, dans ses origines, une affaire politico-militaire. «L'histoire, c'est tout ce qui nous reste, lorsque nous avons tout perdu...». C'est ainsi qu'un philosophe définissait l'histoire. Ainsi, il est plus qu'impératif pour la survie d'un peuple, de préserver et de sauvegarder son histoire et sa culture. A peine la dégustation de la viande de l'Aïd terminée, une bonne partie des Algériens s'apprêtent à sacrifier un coq, pour célébrer «imesi u seggas» (le dîner de l'an), et de fêter, par ricochet, aujourd'hui, le Nouvel An amazigh. A cette occasion, une ambiance particulière, des repas spéciaux, caractérisent les foyers. La célébration du Nouvel An amazigh est différente d'une région à une autre. Quoique Yennayer ait ses particularités en Algérie, tel le plat de couscous accompagné de la viande de coq, on trouve, en revanche, d'autres spécificités dans d'autres régions du Maghreb. Par exemple, en Libye, c'est la journée consacrée aux enfants. Ces derniers seront les «rois» des villes et villages pendant toute la journée. Au plan gastronomique, les Libyens optent pour un méchoui. Au Maroc, c'est l'occasion de se débarrasser des «vieilleries». Tous vieux objets de la maison sont jetés et remplacés par de nouvelles acquisitions. Les Marocains mettent également cette journée à profit pour concocter un repas contenant sept légumes. En Algérie, de l'est à l'ouest, du nord au sud, la célébration de Yennayer garde beaucoup d'authenticité. Ainsi, les Chaouis dans les Aurès procèdent au nettoyage des maisons, dans une ambiance de joie. L'occasion, est aussi, présentée pour les artisans de terminer leurs travaux avant ce jour-là. La particularité de la fête, on la trouve chez les Touaregs, qui commencent à fêter Yennayer, une semaine avant l'événement. Les Touaregs mettent leurs plus beaux habits et bijoux, pour déguster le «kasbasu» (couscous). La question qui reste posée, est de savoir, si ceux qui célèbrent l'occasion, connaissent tous l'origine de cette fête? Autrement dit, sait-on ce que signifie Yennayer? Certes, la majorité savent bien que cette occasion a ses racines dans les racines de l'histoire ancestrale. Et que, cette année on fête l'an 2956 du calendrier berbère. Sans plus. En revanche, les familles les plus instruites en connaissent un peu plus. Toutefois, on ignore les origines de ce décalage de 950 ans, par rapport au calendrier grégorien. Qu'est-ce que Yennayer? A l'instar des autres civilisations universelles, les Berbères ont aussi, leur calendrier. Yennayer, donc, est la fête célébrant la naissance d'un nouvel an dans le calendrier berbère. Ce jour correspondant au 12 janvier de chaque année du calendrier grégorien. Mais quelle est l'origine de ce calendrier? Le premier an amazigh remonte, selon les chercheurs dans l'histoire ancestrale, à 950 avant Jésus-Christ. Lors de cette date un grand événement politique a caractérisé l'histoire des Berbères. Il s'agit de la victoire remportée par le roi Cheshnaq (berbère), qui a réussi, après avoir conquis le delta du Nil, à fonder la XXIIe dynastie pharaonique, et d'accéder, par conséquent, au statut de roi d'Egypte. Depuis cette victoire, qui a permis à Cheshnaq de mettre l'Egypte sous son autorité, les Berbères commencèrent à compter, et d'avoir un calendrier propre à eux. C'est ainsi, que la tradition du changement de l'an berbère est préservée, pendant des années, voire à travers des siècles. En outre, cet événement, est pris, selon les chercheurs, comme début de tout calcul calendaire. Par ailleurs, comme Yennayer a été, dans ses origines, une affaire politique, cette date continue à être ainsi en Algérie.