Les filles réussissent mieux que les garçons au baccalauréat. La tendance se confirme pour l'édition 2018. Selon les chiffres annoncés par la ministre de l'Education nationale, elles représentent 65,29% des bacheliers, contre 65,03% en 2017. Ce taux est «une confirmation sur le long terme. Les filles réussissent plus que les garçons», a estimé Nouria Benghabrit, lors d'un numéro spécial de l'émission «L'Invité de la rédaction» de la Chaîne 3 de la Radio algérienne. Président de l'Association des parents d'élèves, Khaled Ahmed estime que les filles sont «plus motivées» que les garçons. «Les filles fournissent un effort plus conséquent pour passer à l'université, et ainsi pouvoir être libres et s'émanciper économiquement et socialement. Le constat s'impose surtout dans les régions reculées du pays, où les bachelières qui rejoignent l'université ne sont pas cloîtrées à la maison», assure Ahmed. Enseignant de mathématiques et secrétaire général du Syndicat autonome des travailleurs de l'éducation et de la formation, Boualem Amoura, confirme ce constat : «De prime abord, les filles croient beaucoup plus que les garçons aux études. Et puis pour elles, c'est la seule voie pour se libérer et être autonomes, sinon c'est le confinement à la maison.» L'enseignant estime que les filles préfèrent certaines filières, moins techniques. «Les sujets donnés à l'examen du baccalauréat font appel beaucoup plus à la mémorisation qu'à l'analyse et l'éveil, et les filles sont prédisposées à la mémorisation. Aussi, la majorité des filles choisissent les filières sciences expérimentales et littéraires où les coefficients des matières secondaires sont supérieurs aux coefficients des matières essentielles. Le baccalauréat sciences est un bac généraliste», explique-t-il, en précisant que le nombre des filles dans la filière maths est «insignifiant». Pour le président de l'Association des parents d'élèves, le faible taux de réussite des garçons s'explique aussi par les «injustices» que subiraient ces derniers de la part de certains de leurs enseignants. «Il y a la hogra envers les apprenants garçons qui sont parfois humiliés par leurs enseignants, et donc préfèrent quitter l'école. Je connais au moins le cas de ce jeune revendeur à Bab El Oued, qui était un excellent élève. Son enseignante l'a fait méchamment sortir de la classe en lui reprochant de passer sa copie d'examen à son camarade, ce qu'il a rejeté. Ses parents qui était venus à l'école n'ont pas pu voir l'enseignante», regrette-t-il, sans s'appuyer sur une enquête qui confirme ses assertions. Le taux de réussite à l'examen du baccalauréat 2018 est de 55,88%, en légère baisse par rapport à 2017 où il était de 56,07%. Selon Mme Benghabrit, ce taux est «en évolution». «Il y a une dizaine d'années, le taux de réussite variait entre 20 et 30%, alors que sur les dix dernières années nous sommes arrivés à un taux entre 40 et 60%», a-t-elle expliqué, citant les taux de réussite au bac de 2014 (45,01%), 2015 (51,36%) et 2016 (49,79%). Elle a relevé que «s'il y a une filière qui confirme son taux de réussite sur la longue période c'est bien les mathématiques (78,61%)», suivie des sciences expérimentales avec un taux de 59,40%, puis des langues étrangères avec 56,06% et lettres et philosophie (48,63%) et enfin la filière gestion-économie qui enregistre le taux le plus bas (47,18%). Le nombre global d'élèves qui ont passé le baccalauréat session 2018 est de 709 448, dont 40% de candidats libres.