Les prix de la volaille ont connu une hausse. La situation devrait persister durant les prochains jours. «Le poulet est actuellement à 360 DA/kg, alors qu'une semaine auparavant je l'ai vendu à 320 DA. Les prix vont encore augmenter. Mon fournisseur m'a assuré qu'ils atteindront les 400 DA/kg», affirme un boucher de la commune d'El Makaria (ex-Leveilly), qui montre du doigt son présentoir guère fourni «à cause, estime-t-il, de la baisse de mes ventes». La demande sur la viande blanche augmente durant la saison estivale sans que l'offre suive. «La saison estivale est connue, elle est propice à la consommation de la viande blanche. Plus de 30% de la production est écoulée sur le littoral, dans les campings, les hôtels, les centres de vacances des entreprises publiques, etc. Il y a aussi les mariages, les fêtes du bac et les "waadate" (banquets) pour le hadj. La production nationale (350 000 tonnes/an) reste insuffisante», détaille le président de l'Association nationale des commerçants et artisans algériens (Ancaa), El Hadj Tahar Boulenouar. Les habitudes culinaires des Algériens en matière de produits carnés ont changé ces dernières années, grâce particulièrement à la dinde qui s'est intégrée dans l'assiette de l'Algérien : la consommation annuelle moyenne en viande blanche s'est améliorée, puisqu'il consomme aujourd'hui presque 20 kg/an, alors qu'elle ne dépassait pas les 10 kg/an avant les années 1990. «Il se place ainsi près du Français qui englouti environ 28 kg/an et dépasse le Tunisien et le Marocain qui consomment respectivement 18,5 kg et 17 kg par an», précise Salim Kebbab, vétérinaire hygiéniste. L'Aïd, facteur perturbateur Plusieurs facteurs expliquent la baisse de la production et la cherté de la viande de ce produit très prisé par les consommateurs. «Il y a une baisse délibérée de la production de la part des éleveurs à cause de la peur des maladies et de la cherté du poussin, dont les prix, assure-t-on, ont augmenté de 20%. A cela s'ajoute la hausse des prix de l'aliment de volaille», explique Boulenouar. Ce dernier met en cause les moyens d'élevage traditionnel de la filière. «Près de 70% des éleveurs recourent aux moyens traditionnels d'élevage», insiste-t-il, rappelant que la situation diffère d'une wilaya à une autre : les prix sont moins élevés dans les wilayas où la production est plus importante, à l'instar de celles du Centre, comme Boumerdès, Bouira, ou encore Tizi Ouzou. La situation de la filière, nous explique le Dr Kebbab, est un peu spéciale pour cette saison avec l'Aïd El Adha qui aura lieu en plein été. «Par calcul économique, précise-t-il, la plupart des aviculteurs professionnels, dont les exploitations tournent habituellement durant l'année à plein régime, ont de ce fait réduit le nombre et la taille des bandes d'élevage pour cette saison estivale. En fait, ces derniers ne peuvent s'aventurer dans un marché qui ne sera pas forcément acquis, puisqu'à partir du mois d'août, la tendance se tourne vers l'ovin, mais aussi du fait que la consommation de la viande blanche cédera la place à la viande rouge, durant le reste de la saison.»